La nouvelle guerre de Vendée

L’Ouest catholique et royaliste, foyer des insurrections contre la Révolution française de 1793 à 1799, se mobilise à l’annonce du retour en France de Napoléon, puis à nouveau à partir du mois de mai, obligeant l’Empereur à renforcer son dispositif militaire dans la région. Ce sont autant de soldats qui feront défaut à Waterloo.
Par Jacques-Olivier Boudon, Professeur à l’université Paris-Sorbonne et président de l’Institut Napoléon

A l’annonce du retour de Napoléon, le duc de Bourbon a reçu l’ordre de Louis XVIII d’aller prendre le commandement de l’armée de l’Ouest. Arrivé à Angers le 15 mars, il se concerte avec le général d’Autichamp qui commande la division militaire. En Bretagne par exemple, un des seconds de Cadoudal, Louis de Sol de Grisolles tente d’organiser la résistance. Mais il ne parvient guère qu’à mobiliser des troupes dans le Morbihan. Les campagnes bretonnes se tiennent sur la réserve, tandis que les villes manifestent leur adhésion à Napoléon, ce qui se traduit très vite par l’organisation des premiers groupes de fédérés. Reste l’espoir de conserver la rive gauche de la Loire et de ranimer la foi des Vendéens de 93. Le général d’Andigné, accompagné d’Auguste de La Rochejaquelein, frère d’Henri, s’y emploie. Ils rejoignent le 23 mars le duc de Bourbon à Beaupréau, où la résistance peine à s’organiser, faute d’armes et de munitions, mais aussi parce que la population ne se mobilise guère. Le comte d’Autichamp vient alors à la rencontre du duc de Bourbon et le convainc de quitter le théâtre des opérations. Celui-ci se retire, prenant le chemin de l’Espagne, le 26 mars. Il laisse une armée royale en lambeaux, incapable de poursuivre la lutte.

La reprise des combats
Si l’annonce du départ du roi, le 20 mars, n’a guère suscité de réaction dans l’Ouest, en revanche la décision, prise le 10 avril, de rappeler les conscrits de 1815 provoque des réactions d’hostilité. En quelques jours, les troubles se multiplient tandis que des bandes de chouans se reconstituent. De Nantes, le chef d’état-major de la 12e division militaire signale le 16 avril que les insurgés se déplacent en trois colonnes et se dirigent vers les Sables d’Olonne où les Anglais doivent débarquer des armes. Dans le même temps, une troupe de 600 royalistes s’est emparée du bastion de Fromentines, brisant les canons et capturant un capitaine et plusieurs sous-officiers et soldats. Des paysans se sont armés dans le secteur de Clisson notamment. Des bandes de chouans se reconstituent également en Mayenne, dans l’arrondissement de Château-Gontier et dans une moindre mesure dans celui de Laval. En Bretagne, Louis de Sol parvient à mobiliser près de 10 000 hommes. Ils sont répartis en plusieurs légions. Ces légions qui agrègent d’anciens vétérans de la chouannerie des années 1793-1799, de jeunes fils de paysans ou de marins, mais aussi les séminaristes de Vannes, tiennent les campagnes et bloquent les soldats impériaux dans les villes. Le 26 mai, un rassemblement de plusieurs centaines de chouans s’empare de Sainte-Anne d’Auray, haut lieu de la religion bretonne. Le combat les oppose aux fédérés venus de Lorient, commandés par l’avocat Josse, qui blessé est fait prisonnier. L’annonce de la victoire remportée à Sainte-Anne d’Auray fait résonner les cloches dans la région où on voit réapparaître le drapeau blanc. […]

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