En août 1914, les syndicalistes français doivent choisir entre leurs traditions de grève révolutionnaire et une participation à l’Union Sacrée. Les choix opérés alors vont profondément influencer le mouvement ouvrier.
Par Frédérick Hadley, Attaché de conservation Historial de la Grande Guerre
La crise économique favorise, dans les années 1890, l’apparition de syndicats de masse en Grande-Bretagne, en Allemagne… En France, la Confédération Générale du Travail (CGT) est constituée en 1895 au Congrès de Limoges. Sa «charte» issue du Congrès d’Amiens en 1906 marque la spécificité du syndicalisme français: la CGT refuse tout lien avec un parti politique, notamment la S.F.I.O. (Section Française de l’Internationale Ouvrière – parti socialiste de 1905 à 1969). Particulièrement méfiante à l’égard de l’État et privilégiant la confrontation à la négociation, elle se donne pour but « l’accroissement du mieux-être des travailleurs » et, de manière plus révolutionnaire, l’émancipation du prolétariat.
En son sein, Syndicalistes Révolutionnaires anarchistes, Guesdistes marxistes et Réformistes s’opposent, parfois avec violence. En 1909, le peu connu Léon Jouhaux du syndicat des allumettiers est élu Secrétaire général suite à ces tensions. Révolutionnaire à ses débuts, il opte pour une ligne plus modérée. Il dirigera la CGT jusqu’en 1947. Une autre spécificité française reste le faible taux de syndicalisation. Seuls 4 % des ouvriers sont syndiqués en 1906. Les syndicalistes se recrutent avant tout dans une douzaine de départements particulièrement industrialisés. Si on dénombre 331 000 adhérents en 1910, ce chiffre cache de fortes variations. […]
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