Le 11 novembre prochain, le président de la République, François Hollande, en présence de nombreuses personnalités, françaises et étrangères, inaugurera le Mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette qui rend hommage à près de 600 000 combattants, « mêlés dans une fraternité posthume ».
Jean-Pascal Soudagne, rédacteur en chef
L’idée est née il y a trois ans, en avril 2011, dans le cadre d’une convention entre l’État et la région Nord-Pas-de-Calais. Elle prévoyait deux obligations. L’une à la charge de l’État : l’entretien de la Nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette ; l’autre aux collectivités territoriales sous forme de la réalisation de deux programmes : la construction d’un musée, sous l’appellation d’un Centre d’interprétation, situé à proximité du Centre européen de la Paix à Souchez, qui sera achevé et inauguré l’an prochain et l’édification d’un monument exceptionnel sur la commune d’Ablain-Saint-Nazaire, face à la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette, le plus grand cimetière militaire de France, l’un des hauts lieux de la mémoire nationale. Afin de réaliser le second volet de cet accord qui incombe à la Région Nord- Pas-de-Calais, l’État a cédé, pour une somme symbolique, un terrain d’une superficie de 2,2 hectares.
En quoi ce projet est-il exceptionnel ? Pour plusieurs raisons. C’est un mémorial international, l’initiative dépasse donc le cadre national. «Ce mémorial international est le premier du genre, nous explique Yves Le Maner directeur de projet. Jusqu’à présent nous avons construit des mémoriaux nationaux. Pour la première fois, nous dépassons les contraintes nationales pour aller vers l’universel. Les adversaires d’hier sont rassemblés dans ce mémorial, sans distinction de nationalité, de grade, de religion.» Les sceptiques objecteront que certaines nécropoles, et il y en a dans le Nord-Pas-Calais, réunissent parfois des sépultures allemandes et britanniques ou allemandes et françaises (1). Certes. Mais ici les noms des Allemands se mêlent à ceux des Français, Britanniques, Australiens, Néo- Zélandais, Portugais, Belges… qui, tous, ont combattu sur le sol d’Artois, du Nord de la France. «Nous avons eu une volonté, une décision d’édifier un monument qui marque le Centenaire de la Grande Guerre de façon pérenne afin de fixer dans le temps le souvenir de ces hommes très divers, dotés de multiples talents, manuels ou intellectuels poursuit Yves Le Maner. Le Mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette évoque la souffrance, celle partagée par tous les combattants qui, pour la première fois de l’histoire, étaient presque tous capables de lire et d’écrire».
La légitimité du Nord-Pas-de-Calais
Pourquoi un Mémorial international dans le Nord-Pas-Calais ? Si Verdun est le champ de bataille des Français – et longtemps dans notre mémoire nationale, la Première Guerre mondiale s’est en quelque sorte résumée à cette cité de la Meuse –, le souvenir des nations britanniques s’est, lui, focalisé sur la Somme ou encore Ypres, les Australiens sur Fromelles, Bullecourt… Le Nord-Pas-de- Calais, «carrefour des invasions » durant des siècles, a été l’un des théâtres majeurs de la Première Guerre mondiale. Allemands et Français s’y sont affrontés en 1914 puis en 1915 lors des offensives d’Artois ; à compter du printemps 1915 ce sont les troupes de l’Empire britannique qui se sont mesurées à celles de Guillaume II, puis en 1917 comme en 1918 d’autres offensives, toutes aussi meurtrières, ont eu lieu. Pas étonnant dans ces conditions que le Nord-Pas-de-Calais figurait, le conflit enfin terminé, parmi les territoires ayant subi les dévastations les plus fortes. On y dénombrait 279 communes dévastées, 522 écoles, 235 églises détruites à reconstruire, des villes comme Arras détruite à 75%, Béthune à 50 %… […]
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