Carlo Maria Buonaparte (ou Charles Bonaparte) est né en 1746. Mort en 1785 (alors que Napoléon, qui sera quelques années plus tard destiné à être le plus illustre de ses fils, approche de sa seizième année), ce personnage de haute stature physique, de belle allure, noble cultivé et féru de droit – autant que des droits auxquels pouvait prétendre sa famille en Corse – disparaît de la scène avant de boucler sa trenteneuvième année. Entre son île natale et la ville de Montpellier où il meurt, son parcours, souvent négligé voire effacé, n’est pourtant pas « négligeable ». Ambitieux, subtil, séduisant, il mérite probablement mieux qu’une réputation à la fois sinueuse et imprécise.
Par Raphaël Lahlou / historien
Pour tenter de comprendre historiquement la personnalité de Carlo, il faut d’abord constater ce qui est en apparence une évidence : c’est, incontestablement mais sans doute pas aussi simplement qu’on pourrait le croire, un héritier, ancré dans une famille et dans une communauté urbaine, au sein de la ville d’Ajaccio ; une cité dans laquelle sa lignée compte et pèse d’un bon poids public, politique, depuis plus de deux siècles, au moment où il y naît, le 27 mars 1746. Un héritier ajaccien en situation difficile Il convient de préciser assez clairement les dimensions, les exigences et les importances multiples de ce statut d’héritier ; il faut aussi, quand on essaie d’offrir un portrait du père de Napoléon, envisager la place de sa famille dans un contexte politique corse fort troublé, dans une cité ajaccienne qui est l’un des présides génois et dans une période qui marque, depuis 1729 et jusqu’en 1769, un cycle révolutionnaire des Corses contre l’autorité de la vieille république de Gênes.
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