Leurs scènes respectives de théâtre n’étaient pas les mêmes. Pourtant, l’un et l’autre s’inspirèrent mutuellement, et discutèrent parfois comme deux professionnels parlant « technique ». Entre Napoléon et François-Joseph Talma, les « face à face » devinrent souvent une sorte d’échange de conseils entre spécialistes.
Par Marie Hélène Parinaud / docteur en histoire
Talma, vous entrez mal en scène. Vous avez fait parler César en orateur de club ! Mais songez donc qu’il n’était rien moins que Jacobin ! Ce qu’il dit là, en répondant aux offres du roi Ptolémée, est officiel ! Il parle en présence de ses lieutenants, et prétend repousser le trône. » Le Premier Consul, qui à cette époque était dans le même état d’esprit que le véritable César, s’échauffait en parlant, et soulevait presque un coin du masque en précisant : « Vous ne comprenez pas César. Pourquoi vous avancez-vous sur la rampe, à la suite de Ptolémée pour lui répondre ? Ce n’est pas au roi d’Égypte qu’il parle, mais aux Romains qui l’entourent ! Pour qu’ils répètent à Rome qu’il a refusé de s’asseoir sur un trône. Et vous laissez ces Romains à vingt pas de vous, au fond du théâtre ! C’est au contraire pour eux qu’il faut parler. Leur dire qu’on tient le trône égal à une infamie ! » insistait-il d’un air convaincu, devant son acteur fétiche Talma/ Et, tout au coup d’État qu’il élaborait, il concluait cynique : « D’ailleurs, ce que disent ces gens-là est toujours si loin de ce qu’ils pensent… » Avis d’expert ! (…)
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