« Peaux d’lapins, peaux ! Chiffons-peaux ! » Jusque dans les années 1960, ce cri a résonné dans Paris. Biffins, crocheteurs, chiftirs, pêcheurs de lune, fripiers, marchands d’os, marchands de peaux de lapin parcouraient les rues, de porte en porte. Aiguisant leurs regards, ils découvraient dans un caniveau ou une poubelle de quoi gagner quelques sous. Hommes à la condition misérable, souvent soumis à la méfiance des honnêtes gens, ils consacraient leur temps à donner une seconde vie aux tissus usagés. Pionniers du recyclage, ils ont joué un rôle important dans le développement du commerce et du tri sélectif.
Par Klervi le Collen
Le Moyen Âge connaît une grande misère. Afin de survivre, les hommes arpentent les rues à la recherche de détritus, de chiffons ou de tout objet qu’ils pourraient revendre. Ces premiers commerçants de fortune s’installent avec leur butin devant Notre-Dame. Dès lors, l’histoire des chiffonniers et celle des « marchés aux puces » se confondent. À l’époque médiévale, dans le centre de Paris ou des grandes villes, les récupérateurs vendent leurs trouvailles. Ainsi, vers 1540, sur le quai de la Mégisserie, se sont installés des boutiques et des étals où les crieurs vendent leur camelote. À l’exception des métaux et des pierres précieuses, on trouve de tout : vaisselle, fripes, meubles… On distingue deux types de marchandises d’occasion : les brocanteurs et les antiquaires qui sont des professionnels respectables, et les chiftirs (chiffonniers en argot), qui ont mauvaise réputation puisqu’ils fouillent et achètent à bas prix tout ce qu’ils pourront revendre aux pauvres gens.
Le cardinal de Richelieu va instaurer, en 1635, une loi visant à interdire le déballage du « bric-à-brac » afin de privilégier le commerce du neuf. Ces lieux de déballage des rebuts hétéroclites se développent, ce qui engendre un début d’organisation, sous la forme de corporation des marchands ambulants qui colportent leurs trouvailles. Les chiffonniers sont d’origine diverses. Très souvent, de père en fils, ils se transmettent ce métier. […]
Retrouvez l’intégralité de l’article dans le n°3 en vente en ligne sur boutique.soteca-editions.fr.