Dominique Blanc: « Versailles représente le génie français »

Comédienne reconnue, Dominique Blanc reste l’inoubliable madame de Maintenon de “L’Allée du roi” (1995). À la rentrée, elle incarnera cette fois Anne d’Autriche dans la série “Versailles” (Canal +).
Propos recueillis par Mathieu da Vinha Directeur scientifique du Centre de recherche du château de Versailles

Pouvez-vous nous parler de votre premier souvenir de Versailles ?
Dominique Blanc : C’est un souvenir d’enfance. Comme je suis originaire de province, de Lyon plus précisément, cela se passait pendant les vacances. Nous séjournions à Paris et nous avons pris une journée pour aller à Versailles. Je devais avoir une dizaine d’années. Je conserve un souvenir très flou, mais assez magique tout de même, de quelque chose d’immense et de très prestigieux. Si j’ai pu visiter le château, je n’ai qu’entraperçu les jardins car nous n’avons pas eu le temps de les visiter.

Qu’avez-vous ressenti alors ?
D.B.: J’ai eu un sentiment de grandeur et de beauté. Et cela se résume sans doute à cela, car âgée d’une dizaine d’années, tout passe très vite.

Comme comédienne, vous avez déjà eu à tourner à Versailles, qu’est-ce que cela vous a fait ?
D.B. : J’ai tourné pour la première fois à Versailles avec Nina Companeez dans L’Allée du Roi en 1995. Nous avions un tournage qui durait soixante jours, et nous tournions dans plusieurs châteaux aux alentours de Paris. Nous avons fini par Versailles. Le premier souvenir que j’ai de ce tournage, c’est que c’était un lundi, non pas en hiver mais un jour de très grand froid. Le château était fermé et, par conséquent, désert, ce qui donnait une impression très bizarre. Didier Sandre [qui jouait le rôle de Louis XIV] et moi jouions des scènes où nous étions déjà très âgés et nous avions vraiment le sentiment d’une fin de règne. Le château était à l’image de notre histoire. Il paraissait comme hanté et perdu. Nous avons tourné nos scènes et nous sommes partis ; c’était un peu macabre et lugubre, comme ce couple finissant que nous interprétions.

Avez-vous des souvenirs plus gais ?
D.B. :Oui, évidemment (rires) ! Nous avons tourné à nouveau au mois de juin dans les jardins. Et là, c’est un souvenir extraordinaire : nous avons quitté Paris vers quatre heures du matin pour être à la séance de maquillage-coiffure à cinq heures, car il fallait tourner très vite avant l’arrivée du public. Nous avons fait des prises avec les carrosses,avec toute la figuration, avec notre cher roi incarné par Didier Sandre et Mme de Montespan interprétée par Valentine Varela. C’était extraordinaire et éblouissant ! C’est pour des moments comme ceux-là que je fais ce métier. Ce sont des instants où la magie se superpose à l’enfance et où le rêve devient une totale réalité. C’était fantastique ; nous étions seuls dans les jardins déserts, il faisait très beau, le château n’était que pour nous et ne semblait qu’à nous. C’était vraiment le rêve. Ensuite, dans la journée, le public commençait à arriver et nous nous trouvions à tourner devant un public qui venait du monde entier. Nous avons été la cible des photographes amateurs qui étaient enthousiasmés de découvrir les modèles vivants de Louis XIV et de Mme de Maintenon, incarnés par les comédiens que nous étions. […]

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