La France de la Deuxième République

À la chute de la monarchie de Juillet, fin février 1848, la France est à l’optimisme et à l’enthousiasme ; cependant, la situation du pays n’est pas brillante économiquement.
Par Alain Pigeard, Docteur en histoire et en droit, président du Souvenir napoléonien

La production est ralentie, notamment dans le textile, et il a fallu ouvrir des « ateliers de charité ». Ce ralentissement a des répercussions sur le commerce et le crédit, et la Bourse, reste fermée jusqu’au 7 mars. Dès le 26 février 1848, le gouvernement prend la décision de proroger, à Paris, les échéances des effets de commerce ; cette mesure est ensuite étendue à toute la France. D’importants retraits sont opérés dans les banques et certains établissements font même faillite ; les entreprises qui travaillent pour les voies ferrées ne trouvent plus de crédit. Le 8 mars, à la Bourse de Paris, « le 5 % » qui cotait 116 francs tombe à 75 et « le 3% » tombe de 75 francs à 47. Pour alimenter le Trésor, on a recours à l’augmentation de l’impôt et le décret du 18 mars 1848 institue un impôt supplémentaire de 45 centimes sur les quatre contributions directes (foncière, mobilière, portes et fenêtres, patente). L’impôt sur le sel est même rétabli ! Les droits de circulation et de détail sur les boissons, très impopulaires, sont remplacés par une taxe générale de consommation. Un décret du 7 mars va créer à Paris le Comptoir National d’Escompte, destiné à escompter les effets de commerce et le capital est fourni par l’État. C’est donc dans ces conditions économiques très défavorables que le Prince-Président va devoir assurer la présidence. Dix ans après, la France sera presque dans l’opulence.

La démographie française
À l’époque de la Deuxième République, la France est l’un des pays les plus peuplés d’Europe avec 35,5 millions d’habitants, ce qui lui donne une densité moyenne de 65 habitants au kilomètre carré, soit un peu plus que la Lituanie actuelle et le nombre des femmes est légèrement supérieur à celui des hommes. En revanche, la France n’est plus le pays d’Europe qui a la plus forte natalité ; elle a chuté de 30 à 27,3 %. La population rurale forme 75 % de la population française et la population urbaine est répartie dans de nombreuses petites villes. Paris n’a guère plus d’un million d’habitants. Seuls Marseille, Lyon, Bordeaux et Rouen ont plus de 100 000 habitants ; Nantes, Toulouse et Lille en ont entre 75 et 100 000 tandis que Saint-Étienne, Nîmes et Amiens ne dépassent pas 50 000 ; enfin, Roubaix et Tourcoing ont respectivement 29 000 et 27 000 habitants. On signale déjà un dépeuplement des populations dans le Nord et le Nord-Est.
Les classes sociales sont très marquées. […]