Les secrets du 36 quai des orfèvres

Après plus d’un siècle d’histoire, les jours de l’adresse mythique de la Police judiciaire parisienne sont comptés. D’ici la fin de 2016, les limiers de la capitale éliront domicile dans un nouveau quartier général, situé dans le 17e arrondissement. Avant que la P.J. n’écrive ses nouveaux chapitres rue du Bastion, l’occasion est belle de se souvenir de son passé, au 36, quai des Orfèvres…
Par Vivianne Perret

Le « 36 », ainsi que l’appellent familièrement les policiers, a été bâti sur les ruines fumantes de la Commune de Paris. En 1871, au plus fort des affrontements qui opposaient les Communards et les troupes versaillaises, plusieurs édifices furent incendiés, dont le siège de la préfecture de police. Elle était alors située au fond de l’étroite rue de Jérusalem, reliée au quai des Orfèvres. Le bâtiment était englobé dans un quadrilatère qui comprenait le Palais de Justice, la Sainte Chapelle et la Conciergerie.

Naissance du « 36 »
Une fois Paris retombé sous la coupe du gouvernement d’Adolphe Thiers, il fallut reloger d’urgence les services principaux de la préfecture de Police. Une partie du Palais de Justice ayant également brûlé dans la tourmente de la « semaine sanglante », l’occasion était rêvée d’agrandir et réaménager le périmètre. Les plans des architectes Duc et Domay prévoyaient la construction d’un nouveau bâtiment aux 34 et 36, quai des Orfèvres, afin d’y installer le parquet général, la chambre d’accusation, le greffe et la préfecture de police. En attendant de se voir livrer les clés de leur nouvelle demeure, Jules Ferry, maire de la capitale, offrit à la préfecture de police « à titre provisoire » en juin 1871 d’occuper la caserne de la Cité. Le vaste édifice, achevé en 1867, était destiné à accueillir la Garde républicaine et les pompiers de la capitale. Le provisoire s’éternisa puisque la préfecture de police est toujours locataire de la rue de Lutèce ! Le lieu, au coeur de la Cité, situé sur l’ancien emplacement d’un marché aux volailles, donna rapidement aux facétieux l’idée de surnommer les policiers « poulet ». Un sobriquet qui s’étendit rapidement à tous les fonctionnaires du territoire…

Le service de la Sûreté, néanmoins, ne fut pas invité à rejoindre ses collègues. Il fut misérablement installé quai de l’horloge avant d’être prié d’occuper le 36, quai des Orfèvres dont le préfet ne voulait plus. Il estimait en effet ridicule la superficie de ses futurs locaux et refusa d’y emménager. Le 19 juin 1888, le service de la Sûreté y prenait officiellement ses quartiers. La police d’investigation a depuis évolué et transformé son nom, mais l’adresse, quant à elle, n’a jamais changé. Escalier A, dans la cour du « 36 ».

Les experts : les premiers pas
Les méthodes des inspecteurs de la Sûreté, jusqu’à présent fondées sur les tuyaux fournis par leurs indicateurs et l’interrogatoire du suspect, subirent un bouleversement avec les débuts de la police technique et scientifique. […]

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