Il y a cinquante ans, durant l’été 1965, le cinéaste René Clément installait ses caméras dans plusieurs quartiers de Paris afin d’enregistrer les scènes de son film « Paris brûle-t-il ? » Vingt et un ans après sa libération, la capitale s’apprêtait à en revivre les grandes heures pour les besoins du 7e art. Un tournage épique et compliqué dans une ville réquisitionnée pour l’occasion.
Par Mathieu Geagea
Le succès planétaire remporté par le film « Le jour le plus long« , sorti sur les écrans en 1962, ne pouvait qu’engendrer la réalisation de nouvelles superproductions portant sur des épisodes de la Seconde Guerre mondiale. En 1964, l’écrivain français Dominique Lapierre et son homologue américain Larry Collins publient leur livre intitulé « Paris brûle-t-il ? » Après trois ans d’enquête, plus de trois mille témoignages français, anglais, allemands et américains recueillis, et en se basant sur des documents historiques, les deux auteurs retracent dans leur ouvrage un épisode peu connu de la fin de l’Occupation allemande de Paris. Lorsque Hitler nomme, le 7 août 1944, le général Dietrich Von Choltitz gouverneur militaire de la garnison du « Grand Paris », ses ordres sont sans appel : «Paris ne doit pas tomber aux mains de l’ennemi ou l’ennemi ne doit trouver qu’un champ de ruines.» Cependant, dix-huit jours plus tard, le 25 août, l’éphémère gouverneur du « Grand Paris » élude l’ordre du Führer et offre sa reddition aux armées alliées. La capitale a échappé à la destruction.
C’est l’incroyable histoire de cette miraculeuse préservation qui marque le point de départ de l’oeuvre de Dominique Lapierre et de Larry Collins. Leur ouvrage devient rapidement un succès de librairie et ne laisse pas indifférent le cinéma. Le producteur américain Paul Graetz envisage très vite d’adapter « Paris brûle-t-il ? » sur grand écran pour déboucher sur un film qui s’inscrirait dans la lignée du « Jour le plus long« . Ambitieux, le producteur réunit un budget de trente millions de francs, ce qui est sans précédent en Europe. À la réalisation de cette production franco-américaine, le nom de René Clément s’impose, notamment en raison de ses précédentes oeuvres cinématographiques ayant la Seconde Guerre mondiale pour contexte historique, tels que « La bataille du rail » et « Jeux interdits« . À la fin du printemps 1965, et une fois le scénario écrit, ce sont trente-trois vedettes françaises, américaines et allemandes qui s’apprêtent à figurer au générique de « Paris brûle-t-il ? » Cependant, tourner des scènes de batailles en plein coeur de Paris ne s’annonce pas des plus faciles.
Autorisations et refus
Si la capitale a souvent servi de toile de fond pour le tournage d’un nombre incalculable de films depuis la naissance du cinématographe, aucun d’eux n’aura égalé en ampleur celui de « Paris brûle-t-il ? » avec ses vingt mille figurants, cent tanks et quatre cents techniciens. En se lançant dans cet audacieux projet, René Clément sait pertinemment qu’il devra affronter mille et une difficultés. […]
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