Durant la période contemporaine, la France, ou une partie de son territoire, a connu des occupations plus ou moins longues après des défaites militaires. Ce fut le cas en 1814-1815, puis de 1870 à 1873. La Grande Guerre étend les occupations à dix départements(1) du Nord et de l’Est français, mais également à la quasitotalité du territoire belge, à l’exception d’une parcelle autour d’Ypres. Pour la France, c’est 3,4 millions d’hectares qui sont contrôlés par l’ennemi, soit 6% du territoire national.
Il n’est pas simple de penser les phénomènes d’occupation en 1914-1918, sans faire implicitement ou explicitement référence à l’occupation de 1940-1945, tant la Seconde Guerre semble avoir modélisé les comportements des uns et des autres dans un certain nombre de grilles de lecture, notamment en ce qui concerne les phénomènes de résistance et de collaboration. Pourtant, sans tomber dans l’anachronisme, mais simplement en empruntant un certain nombre de concepts aux meilleurs chercheurs de la Seconde Guerre mondiale, il est possible de montrer que la plupart des identifiants de ces comportements sont mesurables dès la Grande Guerre. En effet, si le schéma d’analyse des attitudes des occupants et des occupés peut-être emprunté aux catégories de pensée de la Seconde Guerre mondiale de nombreux concepts empruntés à la période 1940-1945, revisités récemment par les chercheurs spécialistes de la Grande Guerre, s’avèrent pleinement opératoires pour décrire l’ensemble des pratiques d’occupation de 1914-1918.
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