La prétendue absence d’artillerie lourde dans l’armée française à la déclaration de guerre a été dénoncée avant même le début du conflit à la fois par certains militaires et par nombre d’hommes politiques qui y ont vu l’occasion d’interpeller le gouvernement sur les défaillances du pouvoir. On se souviendra longtemps des interventions au Sénat de Charles Humbert (vice-président de la Commission sénatoriale de l’armée, ancien militaire, ayant appartenu au cabinet du général André) et de Clemenceau dont la violence des propos n’avait d’égal que la sévérité des accusations.
Texte A.Bourachot, Général (2e S)
Le sénateur Humbert, dans son discours du 13 juillet 1914 devant les sénateurs, devait prononcer un réquisitoire extrêmement dur pour les politiques et les militaires soulignant impitoyablement les insuffisances de l’armée française, et pas seulement en matière d’artillerie. La situation était-elle aussi tragique que le prétendait le fougueux sénateur (1)? Pourquoi y-a-t-il un problème ? En fait, ce problème a plusieurs causes dont beaucoup ne sont ni subalternes, ni méprisables. Il ne faut jamais oublier – ce qui est rarement rappelée par l’historiographie – que l’armée française, jusqu’en août 1915, est une armée duale : une armée de campagne, dont on attend une grande mobilité (2), sous les ordres d’un commandant en chef et… l’armée des places (3), sous les ordres du ministre, constituée des places fortes (places de l’Est, du Nord, Camp retranché de Paris, places des Alpes, places côtières, etc.), cette double façon de faire la guerre étant admise par tous.
L’artillerie comporte donc deux types de structure : l’artillerie de campagne, – artillerie légère –, et l’artillerie de place et de siège (ce sont à peu près les mêmes canons) encore appelée artillerie à pied, artillerie lourde. […]
Retrouvez l’intégralité de l’article dans le n°62 en vente en ligne sur boutique.soteca-editions.fr.