Souvent battu par les Français, Blücher se fit en Allemagne le champion de la lutte contre Napoléon pour lequel il vouait une haine sans bornes. Et cette opposition s’acheva à Waterloo, le 18 juin 1815.
Par Jean-Jacques Prévost, historien et illustrateur.
Né le 16 décembre 1742 à Gross-Renzow, sur les bords de la Baltique, Gebhard Leberecht von Blücher reçoit les premiers enseignements de son éducation dans le Mecklembourg. Son père est alors capitaine d’infanterie en Hesse Cassel et s’est retiré du service. À l’âge de quinze ans, Blücher obtient un brevet d’officier dans un régiment de hussards suédois. Son unité compte naturellement des Suédois, mais aussi des étrangers tels que des Polonais et des Allemands. Cette pratique est très courante d’autant que les ordres sont donnés en allemand calqués sur le règlement prussien. En 1758, Suédois et Prussiens se déclarent la guerre et, deux ans plus tard, Blücher est capturé à Suckow par des hussards de Frédéric le Grand. Le colonel Von Belling, impressionné par ce jeune officier, lui propose de rentrer à son service en qualité de cornette, mettant fin à une éventuelle carrière au sein de l’armée suédoise. Reconnu comme soldat dévoué et guerrier sans peur après l’affaire de Kunersdorff et à Freiberg où il est blessé, le jeune Blücher n’a pas l’occasion de mettre en pratique ses qualités sachant que son unité n’est impliquée que dans quelques escarmouches mineures.
Devenu capitaine en 1770, il prend part à la guerre de Pologne, s’attire le mécontentement du général Loskow par la cruauté avec laquelle il traite ses prisonniers, et, pour ce fait, se voit préférer un subalterne dans une promotion. Blessé de ce qu’il considère comme un passe-droit, Blücher donne sa démission, que Frédéric accepte en ces termes: « Le capitaine Blücher est congédié et peut aller au diable » (1773). Mais par la suite, regrettant son geste, il sollicite sa réintégration, sans succès. Entretemps, il se marie avec la fille d’un riche fermier général, Mlle de Mehling, s’occupe d’exploitations agricoles et est nommé membre du conseil de la noblesse.
Alors âgé de quarante-quatre ans et apprenant la mort de Frédéric le Grand, Blücher accourt à Berlin et reprend du service dans son ancien régiment en tant que major, comblant du jour au lendemain les quelques années perdues. Promu colonel en 1790, il lui faut attendre la campagne de 1793 contre les troupes révolutionnaires françaises, aux Pays-Bas, pour mettre en avant son audace et sa farouche intrépidité. […]
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