François Vidocq, le policier forçat

«Surveillez tout le monde! Excepté moi» : tel est le mot d’ordre du nouveau maître de la France. Depuis que le Premier consul s’est installé au palais des Tuileries, il est bien décidé à reformater la France dans la tradition militaire. Tout doit lui obéir. Or, à la faveur de la Révolution, de la guerre civile et des divers coups d’État, la criminalité a débordé les forces de police. Aussi celle-ci décide-t-elle, afin de mieux connaître les techniques employées par les différents bandits, d’engager d’anciens criminels repentis. C’est ainsi qu’un certain Vidocq entre dans l’histoire…
Par Marie-Hélène ParinaudDocteur en histoire, elle a notamment publié en 2001 Vidocq, le Napoléon de la police (Tallandier, rééd. Grand Caractère).

Des régions entières étaient dans l’insoumission. Théoriquement, dans les campagnes, la sécurité était assurée par la gendarmerie, peu nombreuse, et qui prudemment se gardait de battre trop souvent les grands chemins trop mal fréquentés. Quand ce n’étaient pas des «Chouans» (bretons ou vendéens) qui tenaient le pays, les « chauffeurs» (bandes de brigands), souvent des déserteurs, en profitaient, coupant les routes en attaquant les diligences et grillaient les pieds des paysans des fermes isolées pour leur faire avouer où ils avaient caché leur magot. Des régions entières, notamment dans le Nord, étaient sous leur coupe. Avec les guerres napoléoniennes qui se profilaient, entraînant tous les hommes valides sur les routes de l’Europe, celles de France étaient de moins en moins sûres. Les bagages de Napoléon luimême avaient été dévalisés entre Paris et la Malmaison et ses appartements aux Tuileries et à Saint-Cloud pillés !

En ville, si les cambrioleurs et les voleurs « à la tire » étaient légion, le Premier consul se souciait avant tout de l’opposition politique. Les deux autres consuls, avec lesquels il partageait encore officiellement le pouvoir, ne pensaient qu’à se débarrasser de sa tutelle et l’avaient déjà envisagé après la bataille de Marengo. Lier le sort du gouvernement au résultat d’une bataille leur paraissait trop hasardeux. L’annonce de la victoire les avait obligés à réfréner leur impatience, ce ne pouvait être que partie remise. Quant aux Jacobins, ils n’acceptaient pas qu’il eût confisqué la Révolution à son profit lors du coup d’État de Brumaire. L’armée était le principal soutien du Premier consul, mais, là également, politique ou jalousie, les complots foisonnaient. Beaucoup de généraux estimaient être aussi capables que lui, et ne l’acceptaient pas comme commandant en chef, encore moins comme chef national.

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