« Nous naviguions sous son étoile ». Le papier à lettres d’Honoré Ganteaume souligne l’importance de l’expédition d’Égypte dans la carrière de celui qui fut l’un des hommes les plus importants de la marine impériale, un des conseillers les plus écoutés de l’Empereur.
Par Pierre Lévêque, Agrégé d’histoire
Honoré Ganteaume est né à La Ciotat le 3 avril 1755. À quatorze ans, il embarque comme novice sur le bâtiment de son père et navigue pendant soixante-cinq mois au commerce. Au début de la guerre d’Amérique, il est officier auxiliaire et participe aux combats de Savannah et de la Grenade sur le Fier Rodrigue. Après cette action, « il fut demandé pour lui le brevet de lieutenant de frégate ; cette grâce ne lui ayant pas été accordée, il partit de Lorient avec un brevet pour la campagne, commandant la flûte du roi, le Malborough ». Ce transport appartient à l’escadre de Suffren. Ganteaume parcourt alors les grades des officiers auxiliaires, des officiers bleus de la marine royale, capitaine de brûlot en 1784, sous-lieutenant de vaisseau en 1786, poste le plus élevé auquel il pouvait alors aspirer.
De La Ciotat au Conseil d’État
Comme pour beaucoup d’autres, la Révolution ouvre des perspectives à Ganteaume qui navigue pour la Compagnie des Indes. Il est fait prisonnier sur un bâtiment de cette Compagnie et, libéré, rejoint la marine de la République où l’émigration a provoqué de grands vides. Lieutenant de vaisseau en septembre 1793, Ganteaume est promu capitaine de vaisseau cinq mois plus tard. Son activisme politique n’est sans doute pas étranger à cette avancée et l’amiral couvert d’honneurs de l’Empire avait, peut-être, oublié un courrier au ministre Dalbarrade que nous révèle son dossier : « Une lettre que m’a écrite la municipalité de Lorient, et dont je t’envoie copie, t’instruira de l’opinion qu’avaient de moi nos concitoyens dans les principes de la Révolution, elle te dira qu’à l’établissement des comités populaires et bien avant que l’heureuse époque du 10 août est (sic) rendu bien du monde et autres patriotes en apparence, j’étais membre et délibérai dans celle de Lorient. Tu observeras qu’à cette époque [en 1791] peu d’officiers attachés à la marine osaient se présenter à ses assemblées que l’aristocratie du ci-devant corps cherchait à couvrir de ridicule et avait si peu de peine à persuader qu’au port de Lorient nous n’étions que deux ou trois officiers qui en étions membres ». Au combat de prairial, Ganteaume commande le Trente-et-un mai et est blessé trois fois. Il rejoint ensuite l’escadre de Martin en Méditerranée et participe au combat de Fréjus en mars 1795. Il commande ensuite une division qui débloque les navires français à Smyrne.
L’expédition d’Égypte marque un tournant dans sa carrière. […]
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