Le 9 mars 1796, Joséphine épouse Bonaparte. Un mois plus tard, le 20 avril, la future impératrice rencontre à Paris un jeune sous-lieutenant de hussard, Hippolyte Charles, qui accompagne Leclerc venu lui rendre visite. Malgré ses trente-trois ans et sa vie désordonnée, Joséphine est encore belle. Plus exotique que jamais, elle s’exprime la bouche entrouverte et les lèvres humides. Ses yeux bleus à demi fermés, ses cheveux blonds, sa peau fine, sa voix langoureuse, sa démarche aérienne séduisent aussitôt le Drômois. De son côté, Joséphine tombe instantanément amoureuse d’Hippolyte, bien qu’il soit son cadet de neuf ans et qu’elle soit jeune mariée.
Par Jean-Claude Banc Président de l’association «Bonaparte à Valence».
Une liaison dangereuse
Joséphine s’alarme lorsqu’elle apprend qu’Hippolyte doit quitter Paris pour suivre Leclerc qui vient d’être à son tour affecté à l’armée d’Italie. Le 23 avril 1796, Bonaparte rend compte du bilan de ses dernières batailles à Barras. Dans sa lettre, il revendique comme une récompense la venue de son épouse: «Je désire beaucoup que ma femme vienne me rejoindre !» (1) Mais la coquette Joséphine reste silencieuse. Dans son hôtel de la rue Chantereine, elle n’écoute que le jeune officier: «Citoyenne, comment une femme aussi jeune et aussi jolie peut-elle avoir pour mari un général qui veut avoir Milan?» (2) Ou encore: «Notre petit général est sur le Pô et n’en éprouve pas trop de Gênes… ?» (3)
Dès la semaine suivant leur rencontre, Joséphine a succombé au charme sulfureux et à l’ascendant magnétique d’Hippolyte. Tandis que le nom de Bonaparte est sur toutes les lèvres, son épouse prend connaissance des lettres enflammées et jalouses qui arrivent quotidiennement d’Italie. «Je reçois une lettre que tu interromps pour aller, dis-tu, à la campagne… Dans le printemps la campagne est belle. Et puis l’amant de dix-neuf ans s’y trouvait sans doute?…» (4) Joséphine, irritée, confie à Thérésa Tallien: «Il m’agace ce “chat botté”, avec ses déclarations d’amour, ses jérémiades, sa jalousie. C’est du délire… Il voudrait que je lui envoie un courrier par jour, alors que je déteste écrire. Si encore c’était un amant convenable! Il fait son affaire en trois coups de cuillère à pot, alors qu’avec mon Hippolyte […] » (5)
Le 5 mai 1796, Leclerc part rejoindre l’Italie. Hippolyte doit suivre son chef, mais Joséphine n’a aucune peine à convaincre ce dernier de laisser à sa disposition quelques jours encore son formidable lieutenant de hussards. Il pourra ainsi assurer sa protection lorsqu’elle s’élancera sur des routes peu sûres pour rejoindre son mari. Au même moment, le colonel Murat, venu annoncer au Directoire les dernières victoires de Bonaparte, se présente rue Chantereine porteur d’une lettre brûlante pressant Joséphine de rejoindre son mari en Italie. Malgré les sous-entendus –«Il n’y a personne que moi, n’est-ce pas?… » –, les amants sont contrariés mais nullement pressés de se conformer aux ordres de Bonaparte. Coïncidence troublante, le jour même de l’arrivée de Murat à Paris, Bonaparte casse la glace de la miniature représentant Joséphine qui ne le quittait jamais. Il lance à Marmont son aide camp: «Ma femme est malade ou infidèle!» (6) puis écrit à Joséphine : «Pense à moi, ou dis-moi avec dédain que tu ne m’aimes plus!» […]
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