« La prostitution est omniprésente dans la société parisienne du second dix-neuvième siècle » explique le musée d’Orsay à l’occasion de la vaste rétrospective qu’il consacre à « l’amour tarifé, aux bordels, boudoirs, maisons de tolérance, cafés, brasseries à femmes, cafés-concerts » présentés au visiteur comme des « lieux de sociabilité masculine »… Une vision qui, si elle n’est pas tout à fait celle de l’historien, est d’évidence celle immortalisée par une faune ici réunie : Degas, Manet, Van Gogh, Guys, Toulouse-Lautrec, Rops, Mossa, Munch, Picasso. Entre 1850 et 1914, ces artistes ont, à des degrés divers, fait leur miel des splendeurs et misères de la prostitution, de la demi-mondanité et de la frivolité qui prétendument régnaient sur Paris.
Ce naturalisme cru, l’exposition nous invite à le redécouvrir à travers la peinture, la sculpture, la photographie et le cinématographe. Guy Cogeval, directeur du musée d’Orsay, n’aime pas « les expositions sans mise en scène, qui ne racontent rien ». Le Second Empire et les débuts de la Troisième République sont donc présentés au visiteur comme une époque bénie pour la gente masculine française, de l’ouvrier au haut dignitaire de l’État. Le gai Paris ne saurait renier sa réputation séculaire !
Bruno Calvès
Splendeurs et misères. Images de la prostitution, 1850-1910.
Jusqu’au 17 janvier 2016.
Musée d’Orsay, 75007 Paris.