« Promettons-nous de ne jamais les oublier ». Voilà ce que nous pouvons lire dans les dernières pages du Livre d’Or des instituteurs de l’Ain morts pour la France entre 1914 et 1919. La Grande Guerre représente un véritable traumatisme pour le corps des instituteurs. Le Livre d’Or des instituteurs de l’Ain contribue à mesurer les conséquences de la guerre sur cette corporation des instituteurs dans l’Ain.
Texte et photo Capitaine Michaël Bourlet (Ecoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan)
Le premier soldat français tué au combat, le 2 août 1914, vers 10 heures, à Joncherey sur le territoire de Belfort, est le caporal Jules-André Peugeot du 44e régiment d’infanterie. Ce fils d’instituteurs se destinait lui-même à la carrière…
Les Livres d’Or
Au lendemain de la Grande Guerre, plusieurs centaines de livres d’or ont été publiés. Le plus connu est sans doute le projet du Livre d’Or des Français morts pour la France destiné à être déposé au Panthéon à Paris. Sa conception a été initiée par la loi du 25 octobre 1919 « relative à la commémoration et à la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre ». À cette fin, le ministère des Pensions, nouvellement créé, s’est appuyé sur le fichier constitué par le ministère de la Guerre dès 1914, demandant aux communes de compléter ou d’amender les listes communales. Cependant ce travail monumental n’a jamais été finalisé, en raison de nombreuses difficultés. Le ministère des Pensions ne dispose pas, par exemple, du personnel nécessaire à la conception des Livres d’Or. Les agents sont occupés à poursuivre la régularisation de l’état civil pour les morts et les disparus. Au début des années 1920, il reste encore à régulariser près de 275 000 militaires disparus. Des milliers de familles attendent la déclaration judiciaire de décès (prévue par la loi pour les disparus) afin de régler les questions de succession.
Heureusement, les archives nationales (site de Fontainebleau) conservent les listes des morts pour la France établies par commune à cette occasion. Les renseignements qu’elles contiennent sont sommaires : nom, prénoms, date et lieu de naissance, régiment et grade et enfin date et lieu de mort. Ces listes diffèrent souvent de celles qui ont été gravées sur les monuments aux morts. Elles constituent une excellente base de départ pour qui désire effectuer des recherches sur les morts pour la France d’une commune.
Parallèlement, dans les années 1920, des centaines de Livres d’Or fleurissent partout en France, résultant souvent d’initiatives privées. Ils sont principalement corporatistes (instituteurs, avocats, professeurs, ingénieurs, religieux, anciens élèves d’une grande école ou d’un grand lycée, officiers d’un régiment, etc.) et visent à montrer les services rendus par une catégorie socioprofessionnelle, les sacrifices consentis, et surtout permettent d’en conserver le souvenir.
C’est le cas du Livre d’Or des instituteurs de l’Ain. On peut lire à la page 83 : « Mus par un légitime désir de présenter ici le tableau complet des services du personnel enseignant primaire, plus que par un sentiment d’orgueil corporatif pourtant fort compréhensible, nous donnons ci-après les états de service brièvement décrits des instituteurs du département de l’Ain. Ils permettront de mieux juger les services rendus et les sacrifices consentis par le personnel au cours de la Grande Guerre ».
La première partie du Livre d’Or des instituteurs de l’Ain comprend les notices biographiques de 85 instituteurs morts pour la France (pages 5 à 64). Puis les annexes fourmillent d’informations complémentaires. Dans l’exemplaire proposé ici, on trouve un texte sur les plaques commémoratives apposées dans les écoles, plusieurs poèmes dédiés aux morts, des extraits de textes versifiés, des discours de quelques autorités de l’Instruction publique écrits à l’occasion d’inaugurations de plaques commémoratives en 1919 et 1920 et un exposé des efforts de l’arrière, notamment de l’OEuvre des petits paquets au front. Dès 1914, cette association envoie des colis aux instituteurs mobilisés puis aux prisonniers à partir de 1915. […]
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