« Si j’écris pour les savants, pour les philosophes qui tenteront un jour de débrouiller un peu l’ardu problème de l’instinct, j’écris aussi, j’écris surtout, pour les jeunes, à qui je désire faire aimer cette histoire naturelle… Tout finit afin que tout recommence, tout meurt afin que tout vive » (Jean-Henri Fabre, 1823-1915). Dans un XIXe siècle riche en découvertes, où l’essor des sciences a connu un développement sans pareil, jamais un homme de science n’avait encore évoqué le monde des insectes et leur vie avec tant de charme et de simplicité. À une époque où l’entomologie restait une science austère, réservée à des naturalistes enfermés dans des musées poussiéreux et usant d’un langage hermétique, Fabre est parevenu à faire de sa passion une vulgarisation et à faire connaître au grand public un monde fantastique.
Par Jean-Christophe Guéguen, Docteur en pharmacie, historien des sciences
Si Jean-Henri Fabre est essentiellement connu pour son oeuvre maîtresse Les souvenirs entomologiques, on sait moins qu’il est à l’origine de brevets sur l’extraction des colorants naturels de la garance, utilisés a cette époque pour obtenir le rouge des pantalons de l’armée française. C’est également un homme qui maîtrise tout autant l’aquarelle, que la poésie et la musique. Frédéric Mistral l’avait surnommé « le Virgile des insectes ». Toute sa vie Fabre restera l’autodidacte qui a vendu des citrons sur les marchés pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, tout en préparant le concours de l’École normale. Travailleur acharné, solitaire et souvent mal compris, l’homme coiffé de son éternel chapeau de feutre noir ne connaîtra la gloire qu’au crépuscule de sa vie.
Un autodidacte précoce
Jean-Henri Casimir Fabre voit le jour en 1823 dans un petit village du Haut-Rouergue à Saint-Léons dans l’Aveyron. Ses parents sont alors de modestes agriculteurs. Très tôt, l’enfant est confié à ses grands parents paternels qui habitent un village voisin et c’est dans leur jardin qu’il découvre la nature.
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