L’affaire du Collier est à la fois l’une des plus fameuses escroqueries de l’Histoire et une rocambolesque intrigue de cour, dont les conséquences politiques ont été d’une extrême gravité. Même s’il est exagéré d’en faire une des causes principales de la Révolution, à coup sûr elle a ébranlé les fondements de l’État, enseveli sous la cendre la dignité royale et porté un coup mortel au prestige de la monarchie. « L’événement me remplit d’épouvante comme la tête de la Méduse », écrira Goethe.
Tout commence à la fin du règne de Louis XV. Deux joailliers attitrés de la Cour, juifs d’origine saxonne, Charles Auguste Böhmer et son gendre Paul Bassenge – on disait les Böhmer –, entreprennent de réaliser le « plus beau collier du monde ». Garni de riches diamants – 21 pièces de 647 gemmes, pesant 2 800 carats –, c’était en fait un « collier en esclavage », selon l’expression du temps, d’un goût un peu tapageur. Persuadé que le roi l’achèterait pour Madame du Barry, ils décidèrent de s’endetter et de le monter en secret.
Quand l’oeuvre fut achevée, Louis XV était mort et la favorite exilée. La seule cliente possible restait la nouvelle reine Marie-Antoinette, dont on connaissait l’attrait pour la parure. Le prix fut fixé à 1600000 livres. Contre toute attente, elle trouva l’objet trop cher. En 1779, après la naissance de Madame Royale, les joailliers tentèrent une nouvelle fois leur chance. Malheureusement, c’était la guerre d’Amérique. Marie-Antoinette s’exclama que la France avait davantage besoin d’un vaisseau que d’un bijou ! En 1782, après la naissance du dauphin, les Böhmer, pris à la gorge par les intérêts, revinrent à la charge. En vain.
Les mois passèrent. Vers la mi-juillet 1785, rencontrant Marie-Antoinette, les bijoutiers, l’air ravi, la complimentèrent pour son « acquisition ». Devant sa surprise, ils expliquèrent qu’ils avaient en leur possession la copie d’un traité signé par elle et le cardinal de Rohan. Elle tomba des nues. Le lendemain, à sa stupéfaction, elle prit connaissance du texte qui portait au verso sa signature « Marie-Antoinette de France ». Le faux était grossier : elle signait ordinairement de son prénom, jamais ainsi ! Soupçonnant que le cardinal, avec lequel elle n’était pas en bons termes, l’avait mêlée à cette affaire, elle sollicita l’appui du baron de Breteuil, secrétaire d’État à la Maison du roi…
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