La bataille de la Marne vue par un officier d’artillerie

À la déclaration de la guerre, le lieutenant Robert de Vaucorbeil est un jeune officier d’artillerie affecté au 61eRégiment d’Artillerie. Parmi les archives de la famille figure un carnet de notes de 26 pages dactylographiées, écrit 25 ans après la guerre, dans lequel Robert de Vaucorbeil relate sa guerre d’août à novembre 1914 et en particulier la bataille de la Marne.
Commandant Michaël Bourlet, Écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan

Robert de Vaucorbeil est né à Bordeaux le 3 septembre 1889. En juillet 1909, il est reçu à l’École polytechnique. À l’époque, les jeunes polytechniciens doivent effectuer un service militaire d’un an avant d’intégrer l’école. Ainsi, de 1909 à 1910, il sert au 2e Régiment d’Artillerie de Grenoble en qualité de 2e canonnier-instructeur. C’est une année très difficile, note-t-il. Rentré à Polytechnique en 1911, il est classé 66e sur 197 élèves à sa sortie de l’école en 1912. Puis, il effectue une année d’instruction à l’école d’application de l’artillerie à Fontainebleau. Ce n’est qu’en octobre 1913 qu’il est affecté au 61e Régiment d’Artillerie de Campagne de Verdun, au terme d’une formation militaire qui a duré quatre années.

Un officier d’artillerie
À la veille de la Première Guerre, Verdun n’est « alors qu’une garnison de l’Est comme les autres » écrit-il. En effet, elle est moins prestigieuse que les garnisons de Nancy ou de celles du XXe Corps. Elle est pauvre en distractions et mal reliée aux grandes villes et à Paris. À première vue, ce choix ne semble pas intéressant pour la carrière d’un officier d’artillerie de l’active. Pourtant, le 61e d’artillerie est une excellente affectation. De création récente (1910), le 61e est considéré comme un excellent régiment, disposant d’effectifs nombreux et de bon matériel (le canon de 75). En outre, Robert de Vaucorbeil estime que toutes les conditions sont réunies pour bien apprendre et se consacrer totalement au métier. Enfin, en cas de guerre avec l’Allemagne, ce régiment doit être engagé parmi les premiers et en première ligne ce qui, pour un jeune officier de carrière, est recherché. Enfin, des raisons plus personnelles motivent Robert de Vaucorbeil. En choisissant Verdun, il se rapproche de celle qu’il aime, Geneviève Claire Marie de Cheron, la fille d’Henri de Cheron (1859-1915), chef de corps du 150e Régiment d’Infanterie de Saint-Mihiel.

Son témoignage nous éclaire beaucoup sur les réseaux de sociabilité qui animent la vie dans les unités à la veille de la Première Guerre mondiale. […]

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