Depuis quelques semaines, Bonaparte porte une attention particulière à la Syrie ainsi qu’aux mouvements de troupes turques qui s’y déroulent. Le 20 décembre 1798, ses agents l’informent qu’une armée de 12000 hommes, commandée par le général turc Abdallah, campe déjà sous les murs de Gaza et le 2 janvier 1799, sans rencontrer de résistance, un corps de 4000 hommes occupe le poste d’El-Arych en territoire égyptien. Bonaparte, qui apprend la nouvelle alors qu’il revient de Suez, sait qu’il s’agit là des préliminaires qui conduiront à une prochaine invasion. Il se doit de réagir rapidement.
Texte Pascal Cyr, Docteur en histoire.
Pour Bonaparte, cette agression n’est pas une surprise, car au cours des semaines précédentes, avec la déclaration de guerre de la Porte à la France après la défaite navale d’Aboukir, il sait qu’un nouveau front risque de s’ouvrir depuis la Syrie. C’est pourquoi, afin de se prémunir de ce côté, il a dépêché deux missions diplomatiques à Saint-Jean d’Acre, capitale du gouverneur de la Syrie, Ahmed Djezzar Pacha. Ce dernier n’ayant pas répondu favorablement à ses ouvertures, Bonaparte fait entreprendre tous les préparatifs de campagne. Toutefois, les objectifs de cette dernière sont limités dans l’espace et le temps puisqu’il s’agit de détruire l’armée turque qui se rassemble en Syrie, de chasser Djezzar Pacha de sa capitale de Saint-Jean d’Acre et, enfin, de revenir aussitôt en Égypte pour contrer un débarquement turc depuis l’île de Rhodes, là où le sultan Sélim III rassemble une armée. Ainsi, quoiqu’il en ait dit plus tard, il n’est pas question de projets grandioses vers l’Inde et encore moins de se porter sur Constantinople. Mais pour l’heure, il lui importe de reprendre El-Arych.
La prise du village d’El-Arych
D’un point de vue strictement militaire, ce poste est d’une grande importance stratégique. Construit au carrefour de plusieurs routes majeures en bordure de la frontière du Sinaï, il bénéficie d’une oasis pouvant satisfaire les ressources de 15000 à 20000 hommes. Occupée par l’ennemi, cette plaque tournante devient une menace sur le flanc droit de l’armée française. Pour la sécurité de son établissement en Égypte et surtout, pour mener à bien la campagne qui s’annonce et atteindre tous les objectifs dans les délais impartis, il importe à Bonaparte de reprendre rapidement cette place. Après avoir rassemblé la totalité de son armée, Bonaparte est maintenant prêt à s’engager en Syrie. Ainsi, la division Reynier prend l’avant-garde et part de Katieh le 6 février 1799. Elle est suivie par la division du général Kléber qui atteint Katieh le 7 février. […]
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