Après l’ouverture des hostilités en 1914, différentes solutions sont mises en oeuvre pour apporter le concours des non-mobilisés et des non-mobilisables à l’armée allemande. Le principe est de faire occuper des emplois utiles à celle-ci par des civils, voire de transférer à des organisations civiles des tâches qui lui incombaient. On constate alors une augmentation importante du volume des personnes employées au sein des forces ou en soutien de celles-ci, avec notamment un développement de la féminisation et un embrigadement progressif de la jeunesse.
La participation des civils aux secours aux blessés est une longue tradition en Allemagne. Elle est constante à chaque conflit auquel les États allemands participent au cours du XIXe siècle et au début du XXe. Le concours des femmes à ces tâches est même considéré comme le pendant de l’appel aux hommes pour le service armé. Des sociétés féminines de bienfaisance et de soins aux blessés sont formées pendant la guerre de Libération de 1813-1814.
À partir de la campagne d’Italie (1859), une prise de conscience qu’il est nécessaire d’apporter de meilleurs soins aux blessés se développe et n’épargne pas l’Allemagne. Le mouvement de la Croix-Rouge y prend de l’ampleur après la conférence internationale ayant eu lieu à Genève du 26 au 29 octobre 1863 ; à ce rassemblement ont participé des délégués venus du Pays de Bade, de la Bavière, du Hanovre, de la Hesse-Darmstadt, de la Prusse, de la Saxe et du Wurtemberg.
À côté de la Croix- Rouge, des sociétés visant à apporter des soins sont organisées dans divers États allemands: l’Association sanitaire wurtembergeoise (1863), l’Association pour les soins aux combattants (Oldenburg, 1864), le Comité pour les soins en campagne des combattants blessés et malades (Brunswick, 1866), l’Association des Albertinerines (Saxe, 1866), etc.
Toutes ces sociétés d’assistance œuvrent d’ailleurs à l’occasion des hostilités dans lesquelles sont impliquées les armées des États allemands en 1864 et 1866. La création de tels organismes est relancée en 1870-1871.
À partir du 12 août 1871, des sociétés féminines allemandes de la Croix-Rouge voient le jour, souvent par transformation d’associations existantes. En 1888 est créée celle pour les colonies. Une organisation jouant un grand rôle au cours du premier conflit mondial, le Service volontaire de soins aux malades – le freiwillige Krankenpflege (littéralement soin volontaire aux malades) – remonte à la création en 1864, pour la guerre contre le Danemark, de la Société de l’État prussien pour les soins en campagne des soldats blessés et malades.
La présence d’infirmières de la Croix-Rouge au sein du freiwillige Krankenpflege est prévue dans le Règlement du service de santé en temps de guerre de 1878. Dans les circonstances commençant les 2/3 août 1914, la Croix-Rouge est assurément un instrument de la guerre totale. Celle-ci est un type de lutte armée dont les conséquences et les implications ne se limitent pas aux militaires et aux champs de batailles, mais touchent l’ensemble des sociétés des pays belligérants. La Croix-Rouge s’inscrit aussi dans le corollaire de la guerre totale qui est la mobilisation totale, c’est-à-dire le rassemblement de tous les moyens dans le cadre de l’effort de guerre.
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