La marquise de Sévigné, hôte illustre du Marais

La plus célèbre épistolière de la langue française a vécu à Paris uniquement dans le Marais, quartier favori de la noblesse au XVIIe siècle. Elle a résidé dans une dizaine de demeures différentes, dont la dernière, l’hôtel Carnavalet, abrite de nos jours le musée éponyme. La rue qui le borde, nommée autrefois rue Culture Sainte-Catherine, a été rebaptisée en 1867 rue de Sévigné en hommage à la marquise.
Par Danielle Chadych

Marie de Rabutin-Chantal, qui deviendra par son mariage marquise de Sévigné, est née le 5 février 1626 dans l’hôtel de Coulanges, au n° 1 bis, place des Vosges. C’est son grand-père maternel Philippe de Coulanges, trésorier de France, qui a fait bâtir en 1607 cet édifice lors du lotissement de la place des Vosges.

Les jeunes années
La fille de Philippe de Coulanges, Marie de Coulanges, y épouse en 1623 Cesle-Bénigne de Rabutin, baron de Chantal. Le contrat de mariage précise que les parents de Marie de Coulanges doivent loger et nourrir le jeune couple, ainsi que les gens de leur suite, pendant deux ans. Cesle-Bénigne de Rabutin est tué en 1627 lors de la bataille de l’île de Ré contre les Anglais ; son épouse décède en 1633. Orpheline, la petite Marie de Rabutin-Chantal est élevée par son grand-père et tuteur Philippe de Coulanges. Après la mort de celui-ci en 1636, l’hôtel est vendu. Philippe II de Coulanges, conseiller du roi, oncle et nouveau tuteur de Marie, s’installe pendant un an rue Barbette. Il loue ensuite et acquiert en 1640 l’hôtel de Coulanges aux 35-37 rue des Francs-Bourgeois où il s’établit avec sa femme, ses enfants, son frère l’abbé Christophe de Coulanges et sa nièce Marie. Celle-ci reçoit une éducation soignée. En 1644, la famille de Coulanges décide de l’union de Marie, âgée de dix-huit ans, avec Henri de Sévigné âgé de vingt et un ans, parent du cardinal de Retz. Le 1er août 1644 ont lieu les fiançailles, ainsi que la signature du contrat de mariage dans l’hôtel de Coulanges.

Scènes de la vie conjugale
Le 4 août 1644, les jeunes gens se marient dans l’église Saint-Gervais Saint-Protais (place Saint-Gervais) à deux heures du matin, selon une coutume destinée à conjurer le diable – quelques années plus tard, l’église interdira ces cérémonies nocturnes en raison de leur caractère païen. Les époux partent en voyage de noces au château des Rochers (Ille-et-Vilaine), dont Henri de Sévigné a hérité. De retour dans la capitale, ils louent en décembre 1644 l’hôtel particulier du n° 11 rue des Lions-Saint-Paul appartenant au notaire Étienne Paysant. Le 10 octobre 1646, madame de Sévigné y met au monde une fille Françoise-Marguerite qui est baptisée à l’église Saint-Paul (32, rue Saint-Paul). Le second enfant, Charles de Sévigné, naît le 15 mars 1648 au château des Rochers. Puis, la mésentente s’installe dans le couple, Henri de Sévigné dilapidant sa fortune. Pendant l’été 1650, il devient l’amant de la courtisane Ninon de Lenclos. Très curieusement, vingt ans plus tard, son fils Charles aura aussi une liaison avec Ninon. La marquise s’en plaint alors à sa fille : « Votre frère entre sous les lois de Ninon. Je doute qu’elles lui soient bonnes. Il y a des esprits à qui elles ne valent rien ; elle avait gâté son père » (lettre du 13 mars 1671). […]

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