Le 16 avril 1917, s’embrasait le Chemin des Dames. Cette bataille, menée par le général Nivelle, qui se voulait décisive se soldait non seulement par un terrible échec mais également un véritable massacre pour l’armée française. Une étude historique sur le terrain, organisée le Service Historique de la Défense et conduite par le lieutenant colonel Gué avait pour objectif de répondre aux interrogations que suscite encore, 95 ans après les événements, cette offensive qualifiée de boucherie.
Texte et photo Jean-Pascal Soudagne, rédacteur en chef 14-18 magazine
Une visite sur un théâtre d’opérations permet plus souvent de compréhension que la lecture d’un récit des combats surtout lorsque que le SHD apporte un éclairage au moyen de ses archives et organise une rencontre avec les acteurs oeuvrant pour la mémoire du Chemin des Dames, à l’image du maire de Craonne, Noël Genteur, profondément attaché à cette parcelle du sol de France comme à son histoire. En se rendant pour la première fois sur le Chemin des Dames, vient inlassablement en tête à chaque visiteur qui découvre ce relief aux pentes abruptes une même question : pourquoi avoir attaqué dans ce secteur ?
Sur le choix du Chemin des Dames
Cette zone escarpée, que les armées cherchaient plutôt à éviter, était devenue un des secteurs les plus calmes du front après les combats de 1914, au point qu’elle avait été transformée en « sanatorium » pour les troupes des deux camps ayant besoin de repos. Autant que la manière dont les opérations y ont été conduites, le choix d’attaquer en ce lieu dépourvu, a priori d’intérêt stratégique, pose question. En octobre 1916, rien ne laisse supposer que le Chemin des Dames sera le lieu de tels combats. En effet la bataille se déroule dans d’autres secteurs : à Verdun, où les succès de Nivelle attirent l’attention et dans la Somme où elle s’enlise…
Les 15 et 16 novembre 1916, le général Joffre présente à la conférence interalliée son plan d’action pour l’année 1917. Il prévoit pour février une attaque sous forme de trois coups de boutoir, en prenant acte de la saillie formée par le front allemand entre Arras et Reims : un vers Arras, au nord du saillant, un vers l’Oise, au centre et le dernier vers Reims, au sud. Mais le 13 décembre 1916, Joffre est relevé de ses fonctions et remplacé par Nivelle, auréolé de la gloire de la défense de Verdun qui, le 30 décembre, déclare « vouloir rechercher la rupture sur le front de l’Aisne ».
Le nouveau commandant en chef portera alors un intérêt croissant au Chemin des Dames, qui au fil des travaux préliminaires de la future bataille, devient le théâtre principal des opérations. Pourquoi ? Nivelle avance trois arguments. Premièrement, le Chemin des Dames est un terrain épargné par les combats à l’inverse de celui de la Somme ravagé par l’artillerie. Deuxièmement, il est certain que sa méthode offensive, celle mise en oeuvre à Verdun, basée sur des notions de puissance et de vitesse, le conduira à la victoire. Enfin, sa méthode repose sur des matériels nouveaux comme les canons de 155 à tirs rapides qui peuvent « préparer le terrain sur une profondeur de 8 km au moins, battant à la fois la première ligne ennemie, la seconde et la ligne d’artillerie ». Néanmoins, Nivelle semble négliger deux points essentiels […]
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