23 juin 1853, Georges Eugène Haussmann reçoit sa nomination comme préfet de la Seine. Le baron Haussmann va se trouver pour seize ans et demi aux commandes de l’une des plus fantastiques opérations de transformation urbaine: les grands travaux de Paris sous Napoléon III.
Texte Michel Carmona
Le Paris du milieu du XIXe siècle enserré à l’intérieur du mur des fermiers généraux, couvre une superficie de 3288 hectares où s’entassent environ 1100000 habitants. Administrativement, Paris forme une seule commune, mais sa taille justifie un découpage en douze arrondissements aux contours déconcertants. Paris n’a pas de maire. Les maires de Paris sous la Révolution ont pour beaucoup fini leur brève carrière sous la guillotine. Ils ont disparu avec l’arrivée de Napoléon Bonaparte. Depuis 1800, c’est le préfet de la Seine, un département dont le territoire correspond en gros à nos actuels départements des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne plus Paris, qui exerce les fonctions de maire, assisté par un conseil municipal formé de notables élus ou nommés.
L’insurrection républicaine qui, en février 1848, entraîne la chute de Louis-Philippe, rétablit la fonction de maire; mais les événements sanglants qui agitent la capitale dans les mois suivants entraînent le retour de Paris sous la tutelle du préfet de la Seine lorsque le prince Louis- Napoléon Bonaparte, triomphalement élu président de la République le 10 décembre 1848 au suffrage universel direct par 75 % des votants (seuls les hommes votent alors), s’installe fin décembre dans sa résidence officielle du palais de l’Élysée. Les effroyables journées de juin 1848 et leurs milliers de morts ont poussé les électeurs dans les rangs du parti de l’ordre. Nul ne pouvait mieux que Louis-Napoléon incarner l’ordre, en même temps que l’aspiration à une nouvelle grandeur de la France et à plus de justice sociale comme l’écrira Guizot, qui avait été Premier ministre de Louis Philippe : « C’est beaucoup d’être à la fois une gloire nationale, une garantie révolutionnaire et un principe d’autorité. »
Le Paris de 1850 est le Paris de la fin du Moyen Âge, du XVIIe et du XVIIIe siècle, marqué par un enchevêtrement de rues étroites, constituant comme autant de petites unités au sein de la grande ville. En bordure de la rue, lui dérobant l’air et la lumière, l’immeuble au pied duquel s’alignent les commerces et les ateliers d’artisans, créateurs de loyers, de valeurs foncières et de richesses pour la capitale. Au-dessus, les appartements où les classes sociales, très souvent encore, s’ordonnent par ordre de richesse et statut social décroissants de bas en haut de l’immeuble, depuis l’étage noble ou bourgeois jusqu’aux galetas des chambres de bonnes sous le toit. […]
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