On ne peut malheureusement que rapprocher le désastre sanitaire des premiers mois de la Grande Guerre de celui du début de l’offensive du Chemin des Dames. Dès le mois de juin 1917, la restructuration totale du Service de santé aux armées françaises allait reprendre son cours, initié depuis octobre 1914 et surtout depuis le 1er juillet 1915 avec la création d’un sous-secrétariat d’État chargé du Service de santé dirigé par l’avocat député et sénateur lyonnais Justin Godart. Afin de mieux comprendre le désastre sanitaire du Chemin des Dames, il paraît opportun de rappeler celui, sans précédent, d’août et septembre 1914.
par Jean-Jacques Ferrandis médecin en chef
À la fin août 1914, les troupes françaises avaient déjà perdu près de 140 000 hommes et fin septembre, il ne restait que 180 000 lits sur les 244 214 initialement prévus. Dans les hôpitaux auxiliaires établis près des frontières par la Croix-Rouge française, près de 60 000 lits furent pris par les Allemands et utilisés à leur profit. Les raisons de ce premier désastre sont multiples mais certaines ont perdurées et expliquent celui d’avril 1917. Nous retiendrons en premier lieu la doctrine de « l‘offensive à outrance » décidée depuis 1912 par le général Joffre, commandant en chef, et approuvée par la grande majorité du pouvoir politique. Joffre a écrit dans ses mémoires : « En 1914 il [notre commandement] allait éprouver d’inutiles échecs et des pertes cruelles, conséquences de sa passion exclusive de l’offensive et de sa seule connaissance des procédés qu’elle comporte, systématiquement appliqués en toutes circonstances »
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