Le siège de Strasbourg

Strasbourg, sentinelle à la frontière nord-est de la France, a toujours été un lieu d’affrontements entre les armées allemandes et françaises, et la guerre de 1870 n’a pas dérogé à cette règle.
Madeleine Dupouy, docteur en Histoire

Si Strasbourg reste jusqu’en 1870 l’un des fleurons du système défensif du nord-est de la France, aucun ouvrage complémentaire n’est prévu pour l’adapter aux techniques modernes de l’artillerie de siège au XIXe siècle. Dès le début de la guerre de 1870, le conflit se déroule justement sur ce front nord-est car un projet d’expédition en mer Baltique prévu par le prince Napoléon (1822-1891), fils de Jérôme Bonaparte, a été abandonné dès le 3 août 1870 alors que la marine française, très supérieure à la marine prussienne encore en gestation, aurait créé un second front propre à dissocier les forces allemandes de la Confédération du Nord des armées du grand-duché de Bade, du Wurtemberg et de la Bavière. La défense de Strasbourg est confiée, à sa demande, au général de division Alexis Uhrich (1802-1886) bien qu’il soit à la retraite depuis déjà six ans.

Le général Uhrich, arrivé à Strasbourg le 21 juillet en tant que gouverneur militaire, met aussitôt la place en état de siège. Constatant que cette forteresse d’un autre âge n’est pas préparée à soutenir un siège et que des maisons avaient été construites de manière anarchique sur les glacis où des arbres avaient poussé, il demande au général Leboeuf (1809- 1888), alors ministre de la Guerre, qu’on les abatte mais celui-ci objecte un refus formel tant il est sûr que les armées françaises vont envahir facilement la rive droite du Rhin où ne manqueront pas de se dérouler les opérations militaires.

Deux armées face à face
Quelles sont les forces en présence à Strasbourg ? L’armée allemande compte de 60 000 à 65 000 hommes placés sous le haut-commandement du général von Werder (1808-1888) à partir du 15 août. Ces forces se composent pour l’essentiel d’une division badoise commandée par le général du Jarry de La Roche, de la division de la garde prussienne du général von Loen et de la première division prussienne de réserve du général von Tresckow. La force de frappe la plus redoutable de l’armée allemande est l’artillerie de siège du général von Decker avec ses trente-quatre batteries auxquelles s’ajoutent les six batteries badoises de Kehl et un parc d’artillerie. L’artillerie allemande est alors dotée des canons fabriqués par Alfred Krupp (1812-1887), en acier à l’âme rayée qui se chargent par la culasse et qui ont une portée remarquable de 2 500 mètres. Ils peuvent utiliser plusieurs types d’obus particulièrement redoutables, comme les shrapnels qui contiennent des centaines de balles et occasionnent des blessures considérables et des fusées percutantes qui explosent au contact d’une cible. […]

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