Dans le numéro 60 de 14-18 magazine, un dossier complet sur les Américains en 1918, réalisé par le général (2e S) Jean-Claude Laparra, docteur en histoire
« J’attends les chars et les et les Américains »
Le 15 mai 1917, le général Pétain remplace le général Nivelle écarté à la suite de son échec du mois précédent. À s’en tenir à la formule qui lui est prêtée, « J’attends les chars et les Américains » (1), il semble que tout soit dit de sa stratégie. En réalité, celle-ci est plus complexe et sera même évolutive. Considérant que 1918 sera l’année déterminante, au contraire de 1917 qu’il estime exclusive de toute décision, Pétain entame le redressement de l’armée française et la prépare en vue des combats qu’il envisage pour l’avenir. Il doit aussi l’impliquer largement dans l’entraînement et l’équipement des formations américaines. Le but qu’il s’est fixé restera donc constant: faire jouer un rôle capital à l’armée française en mettant dans son jeu l’atout américain.
Les véritables débuts
À l’automne 1917, rassuré sur la valeur de ses troupes, Pershing accepte la montée en ligne de la 1re D.I.U.S. Le 21 octobre, des éléments de cette division entrent dans le secteur de la 18e D.I. (9e corps d’armée) et, la nuit suivante, ils sont en ligne. Après avoir subi une première action le 3 novembre et enregistré ses premières pertes, la 1re D.I.U.S. est relevée les 20-21 et reçoit un complément d’instruction à Gondrecourt. À cette époque, les effectifs américains en France s’élèvent à 80000 hommes. En janvier 1918, ils sont encore inférieurs à 175 000 hommes. Le 21 mars 1918, date à laquelle les Allemands prononcent leur grande attaque dans la Somme, ils se montent à 325 000 dont 100 000 en ligne : ce nombre correspond aux 1re, 2e, 26e et 42eD.I.U.S. dont l’entraînement est le plus avancé.
Les Sammies font leurs preuves
Alors que ses effectifs s’accroissent dans des proportions importantes, le corps expéditionnaire américain participe de plus en plus activement au conflit. Il accumule accrochages et engagements, notamment à Seicheprey, près de Cantigny, non loin de Château-Thierry, sur la Marne et la Vesle. Les pertes augmentent elles aussi : à la date du 19 avril, le War Department les évalue à 1 766 morts ainsi que 2 029 blessés, disparus et prisonniers. D’avril à juin, rien que sur le front au nord de Toul, elles sont au total de 2891 hommes.
Vers l’armée autonome
L’examen du rôle joué par la 1re D.I.U.S. dans le secteur de Cantigny a permis de voir la part prise par l’armée américaine dans deux des trois premières offensives allemandes du printemps 1918. En retraçant l’action des 2e et 3e D.I.U.S. dans le secteur du bois de Belleau et le long de la Marne, il a été possible de souligner l’aide américaine apportée aux Alliés pendant la quatrième. Il va maintenant être montré ce qu’elle a été dans la poursuite de la quatrième et dans la cinquième. Après ces renforts ponctuels une autre étape importante pour l’armée américaine se prépare.
À l’écart des grandes batailles
Le 7 septembre, la 28eD.I.U.S. est relevée du front de la Marne et le 3eC.A.U.S., à laquelle elle appartient, quitte ce front le lendemain. Avec ce départ cessent les opérations menées par les Américains sur ce théâtre Aisne-Marne. Pendant qu’au cours des semaines précédentes, les unités américaines se sont battues dans cette région, de nombreuses autres ont débarqué, d’autres encore se sont instruites dans les camps ou dans des secteurs calmes.
Des lansquenets contre des sportifs
Au début de 1917, l’entrée des Etats-Unis dans le conflit constitue une nouvelle donne pour l’Allemagne. Quelques mois plus tard, le moment approche où les forces américaines envoyées en France ne sont pas loin d’apparaître sur le front. Il y a donc un grand intérêt pour le haut commandement allemand à déceler l’arrivée au front de ces unités, à tester leur combativité, à gêner leur adaptation à la guerre de tranchée et à se renseigner auprès des prisonniers. Pour cela, elles font l’objet de différentes actions, notamment lors de leur première montée en ligne.
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