Nous avons souvent tendance à oublier que, pour les grands Dominions de peuplement blanc de l’Empire britannique, la Grande Guerre a joué le rôle d’un formidable accélérateur du sentiment d’appartenance nationale et de cohésion collective. Pour les jeunes nations aux armées embryonnaires que sont au début du XXe siècle l’Afrique du Sud, l’Australie, la Nouvelle- Zélande et le Canada, leur participation dans des proportions importantes à un conflit qui se déroule à des milliers de kilomètres de leur territoire façonne en quelque sorte le pays pour l’ensemble du siècle qui s’ouvre. L’ampleur, la gravité et l’intensité émotionnelle des manifestations qui entourent les commémorations du Centenaire, l’année dernière sur la Somme, cette année à Vimy, sont ici pour nous le rappeler.
Par Rémy Porte Docteur HDR en histoire
Officiellement né en 1867 par la réunion de trois colonies britanniques nord-américaines, la fédération du Canada dispose, conformément à la tradition anglaise, avant la Première Guerre mondiale, de forces armées essentiellement organisées sur la base de milices de volontaires. Globalement, l’armée d’active (essentiellement deux régiments de cavalerie et un gros bataillon d’infanterie) compte de l’ordre de 3 000 soldats et la milice (non permanente) peut théoriquement s’appuyer sur 70 000 hommes. Quelques détachements ont par exemple participé aux guerres sud-africaines au tournant des XIXe et XXe siècles, des unités patrouillent sur la frontière avec les États- Unis, mais le pays n’a pas à proprement parler de grandes traditions militaires, hormis pour certains le service au sein de l’armée britannique à l’occasion de conflits extérieurs (…)
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