«Fouette cocher !» Cette expression familière résonnait à tous les coins des ruelles parisiennes, alertant du passage imminent d’un canasson et de son équipage. Dès lors, il fallait se méfier car les accidents mortels étaient très fréquents. Les coches (voitures dont on situe les origines en Hongrie à Kotschi) seront pendant des décennies les principaux modes de déplacement en France et à l’étranger, et surtout l’apanage de l’élite. Mais grâce à la volonté de la Ville de Paris de développer les services publics, ces derniers envahirent progressivement les rues de la capitale.
Par Klervi Le Collen, historienne des médias
Les origines de l’usage du cheval comme attelage restent floues. Dans l’Antiquité grecque, le cocher est mis à rude épreuve. Vêtu d’une tunique relativement courte et d’un fouet, l’aurige conduit son char de course aux jeux panhelléniques. Dès lors, on peut imaginer le lien historique entre l’homme et le cheval. L’évolution de ce rapport reste lacunaire. Cependant, les différents écrits et lettres conservés dans les centres d’archives permettent de retracer l’évolution de ce mode de transport qui fut pendant plusieurs siècles réservé à la royauté et à la noblesse. La création du Service royal de la Poste, sous Louis XI, marque une première étape grâce aux coches qui acheminent le courrier et transportent les voyageurs aisés. La diligence permet de circuler plus confortablement, dès la fin du XVe siècle.
En 1646, des carrioles, partant à jours et heures fixes, relient certaines villes provinciales (Le Havre, Rouen) à la capitale. Ces coches transportent des personnes ou des marchandises. Aussi bourgeois, commerçants, étudiants, notables utilisent-ils ces voitures en osier. Les temps de trajet étaient longs. Le départ s’effectuait tôt le matin et le voyage se terminait le lendemain soir pour rejoindre la Normandie. Le cocher parcourait cette distance en effectuant quelques étapes, comme à Magny où l’on faisait une halte pour dormir. Le voyage nécessitait de ménager les animaux et le cocher devait régulièrement marcher à côté d’eux pour les économiser. Un Paris-Lyon s’effectuait en dix jours !
En parallèle à ces coches, il existait d’autres moyens de transport réservés aux petits trajets comme les chaises à porteurs mais qui ne pouvaient être efficaces que sur de courtes distances comme des déplacements dans Paris. Seuls de riches bourgeois s’offrent alors cette prestation. Dès le XVIe siècle, l’État met en service le fameux réseau des routes de postes. L’objectif est d’améliorer les échanges entre les villes. Cette poste aux chevaux consiste en l’organisation d’un système de relais permettant aux cochers et à leur attelage de reprendre des forces.
Le règne du cheval
La marche à pied correspondait au principal mode de déplacement pour la plupart des Français et parfois, lorsque l’on avait suffisamment économisé, on traversait le pays en montant dans une diligence. Cet attelage était plus lourd et destiné à parcourir de longues distances grâce à un réseau bien étudié mais qui restait long et inconfortable. C’est donc à partir du milieu du XVIIIe siècle et surtout au XIXe siècle que s’opère la démocratisation de ce transport. Les distances se font plus courtes et la notion de vitesse est recherchée.
Dans la capitale, Blaise Pascal crée la Compagnie de Carrosses à cinq sols. Cette première initiative de transports en commun urbains exploite cinq chemins dont quatre desservent le Luxembourg. […]
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