Les cuirassiers de la Garde

L’épopée napoléonienne avait apporté la consécration aux cuirassiers, érigés en subdivision d’arme le 24 septembre 1803. Ils étaient pourtant absents de la Garde impériale. Tout au contraire, la Restauration intègre deux régiments dans la Garde royale, mais le nombre d’unités de la ligne est réduit de quatorze à six. Monarchie démocratique, le régime de Louis-Philippe est ensuite dépourvu de Garde royale ; les régiments de cuirassiers n’en sont pas moins choyés par les Orléans, la légende impériale effectuant un retour en force dans l’opinion. Au début du Second Empire, c’est donc sur un terrain favorable que s’opère le rétablissement de la Garde impériale par décret du 1er mai 1854. Qui plus est, la cavalerie de la Garde n’est tout d’abord composée que d’une brigade comprenant un régiment de légère – les Guides – et un régiment de cavalerie de réserve : être amenés à former ce dernier constitue pour les cuirassiers un honneur d’autant plus appréciable.
Par Louis Delpérier, historien

Organisés à Saint-Germain-en-Laye, les six escadrons du régiment des cuirassiers de la Garde sont recrutés parmi les cavaliers bien notés contractant un rengagement dans leur dernière année de présence, les militaires retirés du service âgés de moins de trente-cinq ans, et des éléments tirés des régiments de la ligne. Les officiers de cuirassiers et carabiniers peinent à se séparer de leurs meilleurs éléments, mais se voient eux-mêmes volontiers passer à la Garde.

Fixée à un minimum d’1,76 m, la taille de la troupe excède de trois centimètres celle des cuirassiers de la ligne. Le chiffre, identique à celui des carabiniers, n’est dépassé qu’à l’escadron des Cent-Gardes (1,78 m, puis 1,80 m en 1858). Un soin particulier, on s’en doute, est apporté à la remonte, l’habillement et l’armement du régiment. De robe bai brun, les chevaux sont payés 1 100 francs, contre 900 francs pour un cheval de cuirassier de la ligne. Quarante chevaux de robe claire sont prélevés aux 1er cuirassiers et 3e lanciers montés en chevaux gris, pour les besoins des trompettes et de la musique. La confection des habits puis des tuniques est d’abord confiée aux tailleurs Delpoulle et Paule (marchés des 23 mai et 10 juin 1854) avant d’être assurée par les ateliers régimentaires.

Arme défensive, la cuirasse est d’un modèle spécial dont la fabrication fait appel aux techniques industrielles les plus avancées. […]

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