Avant 1914, pensant que la guerre serait courte, le haut commandement français n’avait pas prévu de bâtir de grands camps de prisonniers. Au cours des premières semaines du conflit, peu d’Allemands tombent entre les mains de l’armée française : environ 250 officiers et 13500 soldats ennemis en août 1914. Cependant la contre-offensive de la Marne et la stabilisation du front provoquent un afflux de captifs. À la mi-septembre, le commandement français estime à 25 000 le nombre de soldats prisonniers. Il faut donc improviser en attendant la construction de nouveaux camps.
Commandant Michaël Bourlet, Écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan
Les prisonniers de guerre allemands sont logés dans des casernes inoccupées, des forteresses désaffectées ou encore des prisons militaires, avant de rejoindre les camps. L’exemple de la prison militaire de Rennes au début de la guerre offre un bon aperçu de ce fait méconnu. Lors des premières semaines de conflit, les prisons militaires servent de lieu d’internement des prisonniers de guerre. Elles sont utilisées pour les accueillir principalement pendant leur transfert du front vers les camps. Dans le département de l’Ille-et-Vilaine, le haut commandement utilise la prison militaire de Rennes. Elle accueille, de manière temporaire, des dizaines de prisonniers ennemis d’août à décembre 1914 et quelques soldats allemands condamnés par la justice militaire française. De même, l’ancienne prison militaire de Fougères, fermée depuis 1881, est rouverte pour y interner des prisonniers de guerre.
Les sources concernant ces soldats allemands sont rares. Cependant, quelques traces subsistent dans les archives, en particulier celles de la justice militaire aux archives départementales d’Ille-et-Vilaine et au Service historique de la Défense. Bien qu’ils n’y soient restés que quelques jours, ces hommes ont été enregistrés sur les registres d’écrou de la prison militaire, au même titre que les soldats français. Quelques-uns ont aussi été traduits devant le conseil de guerre de la 10e Région : ils ont été incarcérés à la prison de Rennes pendant la procédure et après le jugement, jusqu’à leur départ vers un camp de prisonniers ou un pénitencier.
La prison militaire de Rennes
En 1914, l’Ille-et-Vilaine possède de nombreux atouts pour accueillir des prisonniers de guerre. Le département est éloigné du front, ce qui offre une sécurité permettant d’envisager l’internement de prisonniers allemands. […]
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