Mac Mahon l' »Africain »

«Je suis issu d’une famille de vieille race irlandaise qui a donné une longue lignée de rois à la Momonie, devenue la province de Munster, un des cinq royaumes dont se composait l’Irlande.» C’est ainsi qu’aimait à se présenter le maréchal de Mac Mahon qui s’empressait de préciser que quatorze de ses ancêtres avaient été tués au service de la France. Précision qui vous classe un homme et lui dicte en somme une conduite de vie : Patrice de Mac Mahon sera avant tout, et sa vie durant, un grand serviteur de la France, et ce, quels que soient les régimes en place ou le rôle, militaire ou bien civil, qui lui fut assigné.
Par Raphaël Dargent, historien et écrivain

C’est en Algérie qu’il fit ses premières armes. Mac Mahon, comme Saint-Arnaud, Niel, Canrobert et bien d’autres encore, représente par excellence l’officier «africain», cette catégorie de militaires qui joua un rôle primordial dans l’armée du Second Empire. Jeune officier, il assiste à l’ouverture de la session de la Chambre en janvier 1830 lors de laquelle le roi CharlesX annonce l’expédition militaire contre le dey d’Alger. Mac Mahon veut se battre ; il remplace le sous-lieutenant Destouches du 20e de ligne qui ne peut partir du fait de ses études afin d’embarquer à Toulon. D’emblée, il est séduit par la vie en Algérie, par l’étendue des paysages, et lors de ses premiers engagements il se révèle un chef à l’écoute et un cavalier émérite.

Le petit lion
Le 4 juillet 1830, le dey signe la capitulation et le lendemain les troupes françaises entrent dans la Casbah et prennent Alger. Paris célèbre la victoire, mais le trône de Charles X vacille sur ses bases. L’armée est alors partagée entre ceux qui veulent rembarquer les troupes afin de porter secours aux Bourbons et ceux qui refusent de se mêler de politique. Mac Mahon est à ce point heurté par le remplacement du drapeau blanc par le drapeau tricolore et par la nomination du duc d’Orléans comme lieutenant général du royaume qu’il en rédige une lettre de démission. Son père parvient pourtant à le convaincre de rester à son poste et la lettre est déchirée. Il sera dit que les Mac Mahon sont « légalistes » et Patrice retient la leçon: il s’agit de servir la France au-delà de toutes les circonstances et avanies politiques. Peu de temps après, il refuse la Légion d’honneur, et au colonel qui l’a proposé pour l’auguste décoration, il réplique : « J’ai plus d’ambition que vous ne croyez ; pour obtenir cette récompense, je veux l’avoir méritée. » Justement, les événements militaires – ce qu’on nomme déjà « la pacification de l’Algérie » – lui donnent vite l’occasion de montrer sa valeur. […]

 
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