Madame de Pompadour à Versailles

À Versailles, Madame de Pompadour a régné près de vingt ans (1745-1764). Favorite éprouvée d’un roi mélancolique à la sensualité exigeante, elle a fortement marqué l’histoire du siècle de Louis XV. À tel point que les fastes de la cour de Versailles, la protection des artistes, artisans, hommes de lettres et même philosophes, ainsi que la politique du royaume sont attribués à Jeanne-Antoinette Poisson, épouse Lenormant d’Étioles, faite par le roi marquise de Pompadour en 1745, puis duchesse en 1752 et dame du Palais de la reine (1756). Une favorite n’est pas seulement celle qui satisfait les appétits sexuels du roi : elle est cette femme « de coeur » que le roi choisit et impose à tous, y compris à la reine, sa femme « politique ». Elle est un rouage indispensable au bon fonctionnement de l’absolutisme, dans la mesure où critiquer la personne du roi et sa politique est inconcevable ; aussi devient-elle un véritable bouc-émissaire que l’on accable de tous les maux du royaume. En outre, le lit du roi est un véritable enjeu de pouvoir dans les luttes intestines qui déchirent Versailles. La favorite est donc à la cour autant recherchée et louée qu’elle est avilie, épiée dans ses moindres faits et gestes, occupant une place fragile qui dépend, principalement, du bon vouloir du roi et des cabales, incessantes, pour la faire chuter de ce piédestal fragile. Madame de Pompadour a souvent couché sur le papier le dégoût de ce « pays-ci », comparant sa vie à « celle des premiers chrétiens », menant « un perpétuel combat ».
Par Cécile Berly, Historienne

Une bourgeoise à Versailles
L’arrivée de Madame de Pompadour à la cour de Versailles est immédiatement perçue comme scandaleuse. Non pas que Louis le Bien Aimé, alors auréolé de la victoire de Fontenoy (11 mai 1745) ne puisse se consoler de la mort de sa dernière favorite officielle, la duchesse de Châteauroux, survenue en décembre 1744. En effet, ses passades lui sont volontiers pardonnées, mais les grandes familles de la cour n’acceptent pas les origines bourgeoises, donc vulgaires, de cette très jolie Parisienne, a priori ignorante des usages de la cour. […]

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