Maria Sklodowska naît à Varsovie le 7 novembre 1867, dans une Pologne opprimée par la Russie. À seize ans, diplômée d’études secondaires, elle reçoit une médaille d’or. Les femmes n’étant pas admises dans les universités polonaises, elle se rend à Paris où elle entame des études de mathématiques et de physique à la Sorbonne. En 1893, elle est reçue première à la licence de physique et, un an plus tard, deuxième à la licence de mathématiques. Elle obtient une bourse et rencontre Pierre Curie qu’elle épouse le 26 juillet 1895 à Sceaux. Un an plus tard, elle est reçue première à l’agrégation de physique.
Pierre Lévêque, Agrégé d’histoire
Leur première fille, Irène Curie, naît en 1897. Sa soeur Ève verra le jour en 1904. L’année 1898 est particulièrement féconde avec la mise en évidence du rayonnement émis par le thorium et les découvertes du polonium et du radium. En 1900, Marie Curie est nommée professeur à l’École Normale Supérieure de jeunes filles de Sèvres.
« Un grand savant »
1903 est une grande année avec la soutenance de sa thèse de doctorat de physique. «Recherches sur les substances radioactives» et surtout l’attribution du prix Nobel de physique à Pierre, Marie et Henri Becquerel. L’année suivante, Pierre est nommé professeur de physique à la Sorbonne. Mais, en 1906, il meurt l’âge de 51 ans, écrasé par une voiture à chevaux. Marie est effondrée mais, en 1908, accepte de reprendre sa chaire à la Sorbonne. L’année 1911 est marquée par de violentes attaques de journaux qui révèlent la liaison de Marie Curie et de Paul Langevin mais aussi, fait exceptionnel, par l’attribution d’un second prix Nobel, en chimie cette fois. À la veille de la guerre, Marie prend la direction du laboratoire de physique et de chimie de l’Institut du Radium.
Au début du conflit
Alors que l’Institut du Radium est à peine achevé, le 1er août la France mobilise. Le 3, l’Allemagne déclare la guerre. Marie Curie est à Paris. Elle pensait rejoindre ses filles à l’Arcouest en Bretagne. Il n’en est plus question. Très lucide sur la tournure des événements, elle leur recommande le calme et le courage. Les rues de Paris sont parcourues d’hommes prêts à partir. Beaucoup d’universitaires et d’assistants de laboratoire sont mobilisés. Un mois plus tard, les Allemands sont aux portes de Paris et il faut mettre à l’abri le gramme de radium que Marie possède dans son laboratoire, le seul disponible en France. Elle emporte le précieux échantillon protégé par une enceinte de plomb pesant vingt kilogrammes. Le train pour Bordeaux est bondé et la caisse horriblement lourde mais elle parvient à déposer le gramme de radium dans le coffre d’une banque bordelaise. Elle reprend aussitôt le train pour Paris, seule femme à voyager dans un train bourré de militaires un peu étonnés. Les troupes allemandes contenues lors de la bataille de la Marne, ses filles très pressées de rentrer à Paris, surtout Irène, reviennent. Celle-ci, après avoir passé un diplôme d’infirmière, retourne près de sa mère. Elle va devenir sa collaboratrice et l’amie avec laquelle Marie peut partager ses soucis.
Le plus immédiat est d’aider la Nation et d’y contribuer grâce à ses connaissances scientifiques, en particulier dans le domaine de la radiologie, domaine récent car les rayons X n’ont été découverts par Roentgen qu’en 1895. Marie retrouve alors Claudius Regaud qui, mobilisé comme médecin- major de 2e classe, a constaté les dégâts provoqués par l’évacuation des blessés vers l’arrière. Puisqu’il est pratiquement impossible de ramener des milliers de blessés vers l’arrière, Marie, comme Regaud et Antoine Beclère, directeur du service radiologique des armées, a la conviction qu’il convient de transporter les appareils à rayons X au plus près du front. Elle a le soutien de Regaud qui, à partir d’octobre 1915, est détaché au cabinet de Justin Godard, sous-secrétaire d’État à la Guerre. Le ministère de la Guerre accorde à Marie Curie un ordre de mission, en collaboration avec la Croix-Rouge, pour créer un service de radiologie ambulant. […]
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