En Lorraine on ne badinait pas avec la respectabilité. Marthe Richard n’avait pas été reconnue par son père qui, mobilisé, était mort à Sedan. Résultat la petite fille avait été traitée en paria ; personne parmi les voisines de son âge n’acceptant de jouer avec elle. Dans la journée, elle devait, nouvelle Cosette, faire le ménage « se rendre utile ». La maîtresse d’école n’avait pas accepté en classe celle qui était considérée comme une bâtarde. Marthe avait dû apprendre à lire toute seule dans les livres de ses cousines, le soir à la veillée…
par Marie-Hélène Parinaud
Son certificat d’études obtenue, Marthe est placée d’office en apprentissage pour être couturière. Mais sans emploi après sa formation, elle devient bonne d’enfants dans une famille aisée, s’y ennuie et décide du jour au lendemain de partir à la découverte de la capitale. Lorsqu’elle annonce sa décision à sa mère, cette dernière est indignée de la voir quitter une bonne maison pour courir à l’aventure. La jeune fille par son ancienne institutrice a une adresse à Paris. Elle réunit ses économies et part à la gare prendre un billet de train. Au moment de monter dans le wagon on l’arrête. Sa mère a déposé plainte. La fugueuse est emmenée au poste de police et incarcérée avec des prostituées. Son placement dans une maison de correction ayant été demandé jusqu’à sa majorité elle est enfermée dans un institut tenu par des religieuses, d’où elle s’évade, pour gagner Paris.
Elle se rend à l’adresse donnée par son ancienne institutrice et trouve un emploi chez une blanchisseuse. Le soir, toute la famille Martelli qui la accueillit est rassemblée autour de la table pour le dîner. Souvent ils parlent du patron, un nommé Richer, mandataire aux Halles. Un dimanche, le fils de la famille lui fait visiter les Halles, admirer les pavillons de fer de Baltard, en particulier celui de la marée où son père travaille, il lui désigne l’immeuble où sont les bureaux du patron, rue Rambuteau. Elle fait connaissance avec ce monsieur Richer qui prend l’habitude de la ramener le soir puis, bientôt, l’installe dans un petit studio. Le week-end il l’invite dans son petit manoir normand. Monsieur Richer divorce et vend sa charge de mandataire. En lisant le journal, Marthe alors âgée de 18 ans, apprend qu’un meeting aérien doit avoir lieu non loin sur un terrain militaire. Elle veut y assister. Henri Richer offre à sa belle un baptême. Dès lors le couple ne manque plus un seul meeting.
La découverte d’une passion
Apprenant que les femmes peuvent aussi être pilote, la jeune fille décide de passer son brevet. existe, Le couple s inscrit aussitôt à Villacoublay dans une école de pilotage et loue une villa à Chaville, tout proche, pour éviter les longs trajets en voiture. Brevet en poche, les tourtereaux s’achètent un avion biplan. Marthe Richer participe aux meeting, étant une des rares femmes pilotes à posséder un avion elle est invitée partout. Un jour, au cours d’une démonstration c’est l’accident. À son chevet elle a la surprise de découvrir sa mère avec qui elle se réconcilie durant les deux mois de la rééducation nécessitée par les multiples fractures. Une fois rétablie, la ronde des meetings reprend. À la fin de la saison, Henri Richer épouse sa « pilote » et invite ses amis ; Védrine, Roland Garros, chez Maxim’s fêter leur mariage. La déclaration de guerre interrompt les projets de voyages de noces, Henri Richer est mobilisé. Les hommes partis au front, beaucoup de femmes veulent participer à l’effort de guerre. […]
Retrouvez l’intégralité de l’article dans le n°74 en vente en ligne sur boutique.soteca-editions.fr.