Murat règne sur Naples sous le nom de Joachim Napoléon depuis 1808. D’abord réticent à l’idée de gouverner ce royaume, réputé difficile à gérer et cible de nombreuses incursions de la part des Britanniques et de leurs alliés siciliens, il s’est pris au jeu et n’a pas tardé à imposer ses propres vues à l’administration de Napoléon. En 1811, une crise très grave oppose les deux beaux-frères. Si la campagne de Russie les a provisoirement réconciliés, les échecs successifs de la France en Allemagne poussent Murat à envisager les plus audacieuses combinaisons militaires et diplomatiques. Non sans raison, au début de l’année 1814, il estime que le moment est venu pour lui de tenter sa chance. Quelques documents restés à ce jour peu connus éclairent cette course à l’abîme.
Par Vincent Haegele / historien, conservateur des bibliothèques de Versailles
Le terme de trahison reste encore de nos jours difficile à utiliser dans le cas précis du retournement des alliances qui s’opère en janvier 1814, au vu et au su de l’ensemble de l’Europe. Présents à la cour de Naples depuis 1810, les services diplomatiques autrichiens ont eu tout loisir de pousser leurs pions auprès du couple royal formé par Caroline Bonaparte et son mari ; un personnage, en particulier, a joué un rôle important auprès de la reine, le comte Félix de Mier, chambellan de l’empereur François, homme rusé et fort intelligent, sachant manier à la perfection les cajoleries et les menaces voilées. Mier, qui obéit aux directives de Metternich, pense qu’il est possible de replacer l’Italie dans l’orbite autrichienne en jouant des sentiments partagés du couple Murat à l’égard de Napoléon (…)
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