Parmi tous les acteurs de l’histoire, il est une catégorie qui exerce sur l’imaginaire collectif une incontestable fascination en même temps qu’elle emporte la condamnation générale : celle des traîtres. Depuis Alcibiade jusqu’à Pierre Laval en passant par Ganelon, Condé ou Bazaine, le traître – ou prétendu tel – anime la mémoire commune et interroge nos consciences. Traître assumé ou revendiqué, traître emporté par les circonstances ou otage d’une idéologie, vaincu de l’histoire condamné par les vainqueurs : le traître est une histoire à lui seul, sa trahison son aventure. Bien malgré lui, c’est à cette catégorie d’homme qu’appartient Auguste Frédéric Louis Viesse de Marmont, duc de Raguse et maréchal de l’Empire.
par Gaël Nofri. Historien, il est l’auteur de Napoléon III visionnaire de l’Europe des nations (François- Xavier de Guibert, 2010) et d’un des chapitres de Les dix rendez-vous qui ont changé le monde (dir. David Chanteranne, Le Cerf, 2017).
Longtemps après sa mort, les faubourgs parisiens, et jusqu’à la plume d’Edmond Rostand, garderont le souvenir de cet homme qui perdit Paris deux fois et dont le nom demeure synonyme de trahison au point de donner l’expression populaire « raguser ». Curieux destin en réalité que celui de ce fils de la petite noblesse bourguignonne né quinze ans avant la Révolution française. Destin exceptionnel lié à ces événements extraordinaires qui vont bouleverser la France et offrir à toute une jeunesse des opportunités formidables. Destin fracassé aussi par la chute de l’Empire, puis celle de la monarchie restaurée. Marmont écrira lui même dans ses Mémoires qu’il fut « placé, en peu d’années, deux fois dans des circonstances qui ne se renouvellent ordinairement qu’après un siècle ». Est-ce à dire pour autant que les circonstances expliquent à elles seules les fautes imputées à Marmont ?
Pour lire la suite de l’article, achetez en ligne Napoléon 1er magazine n°85 sur boutique.soteca-editions.fr