Surveillance et protection
Trop souvent caricaturé par ses détracteurs, le régime napoléonien passe aux yeux de certains comme une période de régression sur la question des libertés. Par sa volonté de contrôler l’ensemble des informations et sa peur de voir ses opposants prendre leur revanche, Bonaparte a maintenu une constante et stricte surveillance des consciences. Nul ne pouvait en effet écrire, produire ou simplement exécuter une action sans qu’un intense système ne s’exerce. Que ce soit dans le domaine civil ou militaire, personne ne s’exprimait « librement ». Aussi, même dans le cadre strictement privé, le simple courrier qu’adressait un soldat à ses proches était-il relu avant d’être expédié et porté à son destinataire. Pourtant, l’individu tel que nous le connaissons aujourd’hui n’existait pas encore au temps du Consulat et de l’Empire. Napoléon lui-même dictait d’ailleurs ses missives, rendait publiques ses décisions et ne pouvait s’exprimer sur quelque sujet sans qu’une assemblée de philosophes, de journalistes ou de membres de son propre entourage ne réagisse immédiatement. Tout s’exécutait en groupe. Pourtant, l’opinion publique commençait à faire son apparition et, avec elle, la volonté de diriger les avis et de maîtriser les réactions. La présence policière a alors permis de répondre à une demande légitime de sauvegarde du plus faible. En cela, l’expérience de la Révolution a fait comprendre qu’il ne pouvait être question de liberté sans protection : Napoléon, en héritier des rois et en successeur de Robespierre, a donc fait siens deux principes que tout semblait opposer et qui, en pleine période de guerre, ont offert un salvateur équilibre.
Ce numéro est dédié à Jacques Jourquin (1935-2021).
David Chanteranne, rédacteur en chef
Sommaire
Février/mars/avril 2022
Actualités, par Emmanuelle Papot
Autour de l’Empereur, par Raphaël Lahlou
Dossier : Les libertés au temps de Napoléon
Lire et écrire à la Grande Armée, par Jérôme Croyet
L’esprit public dans les « départements réunis » sous le Consulat, par Lionel Marquis
Massacre à Montmirail, par Pascal Cyr
La lettre du 23 mars 1814 : une grande erreur de Napoléon ?, par Charles-Éloi Vial
Napoléon était-il opposé aux libertés ?, avec Vincent Haegele et Emmanuel Pierrat
La lutte des pêcheurs français et anglais, par Vincent Rolin
Auxonne, berceau militaire de Bonaparte, par Thierry Choffat
L’île de la Réunion entre deux mondes, par Frédéric de Natal
Des Corses au service de l’Angleterre, par Jean-François Brun
Le général Durutte, de la bourgeoisie de négoce à la noblesse d’Empire, par Émilien Bossuroy
Napoléon apocryphe, une histoire alternative de l’Empire, par Pierre Lévêque
Souvenir napoléonien
Fondation Napoléon
Publications
Passions impériales, par Vincent Bourgeot
RSN 530
Les poissons de Bonaparte, par Yannick Guillou
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