Napoléon III doit beaucoup aux femmes, pour le meilleur et pour le pire. Son règne fut sans doute le plus féminin de notre histoire, symbole d’une cour aux fastes inconnus depuis Louis XV.
Le dernier souverain des Français est un homme souvent attachant, un monument de contradictions et d’ambitions. Politicien de gauche, il ne parvient au pouvoir qu’avec l’appui de la droite. Mais décevant celle-ci, il ne sera jamais admis par les socialistes. Président de la IIe République, il restaure l’Empire. Généreux, sincèrement préoccupé d’améliorer le sort des défavorisés en défendant les paysans et les ouvriers, il passe pour l’ami des banquiers et des spéculateurs.
Intelligent (Victor Hugo le reconnaît la première fois qu’il dîne, à l’Élysée, avec le Prince-Président), conspirateur épris de liberté, on l’accuse d’étouffer les libertés. Suspecté d’être dépourvu du génie stratégique de son oncle, il réorganise l’Europe après la victorieuse guerre de Crimée, forge l’Unité italienne, soutient la création de la Roumanie, érige Paris en une capitale du monde occidental, spectaculairement transformée et rénovée, au coeur de la France moderne dont il agrandit le territoire, par un vote populaire, annexant Nice et la Savoie. Un pays transformé par l’industrie, l’économie et les transports. Un âge nouveau pour une nouvelle Europe qui a balayé celle du Congrès de Vienne.
Mais il est un domaine, privé aux conséquences publiques puisqu’elles ont largement forgé
son image et dans lequel il ne varie guère : les femmes. Ce sont elles, jolies ou élégantes, qui font briller les Tuileries après l’opulence froide du Premier Empire, les règnes de Louis XVIII et de Charles X où l’on pleurait toujours leur frère LouisXVI et la monarchie plus bourgeoise que royale de Louis-Philippe.
S’il est une classe qui s’épanouit sous le règne de Napoléon III, c’est le « demi-monde », si
bien analysé par Alexandre Dumas Fils dans La Dame aux camélias. Frivolité et galanterie sont les armes des «biches », « cocottes » et autres « lionnes » qui monnaient leur petite vertu contre une existence aisée assurée par un riche protecteur, scandale dénoncé avec force et talent romanesque par Émile Zola.
Un célèbre et magnifique tableau résume la domination féminine sur l’époque, L’Impératrice Eugénie entourée de ses dames d’honneur de Franz-Xaver Winterhalter, aujourd’hui au Palais de Compiègne. L’artiste, venu du grand duché de Bade à Paris en 1834, avait été le protégé de la reine Marie-Amélie, la digne épouse du Roi-Citoyen. Devenu le portraitiste attitré des cours d’Europe, il restitue la grâce et la fraîcheur de ces jolies femmes dans cette lumineuse composition qui date de 1855. À la souveraine (depuis deux ans), l’oeuvre inspire un mot révélateur : « Je me demande laquelle de mes dames du Palais n’a pas couché avec l’Empereur…»
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