Il y a deux cents ans, le 17 décembre 1813, disparaissait l’agronome qui révolutionna l’alimentation des Français et mit fin aux disettes. Ce savant qui dédia sa vie à la santé publique était aussi Premier pharmacien des armées napoléoniennes. Il avait cotoyé le général Bonaparte à l’Institut, servi Napoléon Ier avec rigueur et honnêteté… mais il n’appréciait guère le conquérant de l’Europe !
Texte : A. Muratori-Philip. Correspondant de l’Institut. Vice-présidente du Comité national Parmentier
Dimanche 26 messidor an XII (15 juillet 1804). Sous un écrasant soleil d’été, les Invalides attendent patiemment leur nouveau maître, Napoléon Bonaparte, nommé «Empereur des Français » deux mois plus tôt. Les pensionnaires de l’institution vénèrent cet homme providentiel issu, comme eux, de l’armée qui a défendu le royaume puis la nation. Ce dimanche est un grand jour, car Napoléon doit remettre les premières Légions d’honneur aux héros de la nation. Il a créé cet ordre le 29 floréal an X (19 mai 1802) quand il était encore «Consul à vie », contre l’avis de nombreux opposants. A ses détracteurs, il répondait alors : « C’est avec des hochets qu’on mène les hommes ! » Aujourd’hui, les dernières réticences se sont évanouies et Napoléon a judicieusement décidé d’associer la décoration des premiers Légionnaires aux célébrations du 14 juillet. Il a toutefois décalé la cérémonie d’une journée pour profiter d’un dimanche et convier tous les Parisiens aux Invalides.
Haute stature et crinière blanche
Antoine-Augustin Parmentier appartient à cette première vague. À 66 ans bientôt révolus, le savant renoue avec son passé, dans la cour de cet Hôtel des Invalides où, quatre décennies auparavant le jeune apothicaire soigna les soldats et mena ses premières recherches. En pénétrant sous le dôme, Parmentier a cherché du regard ses anciens compagnons. Emu, il en a reconnu quelques-uns, juchés sur des gradins hélas inaccessibles tant la foule est compacte dans l’église qui vient d’être rendu au culte.
Ému, Parmentier a salué ses confrères de l’Institut en habit, rassemblés près de l’autel où ils observent le ballet des arrivées. Mais il ne s’est pas associé à ce groupe car il doit rejoindre la cohorte du Service de santé. Solennel dans son bel uniforme de pharmacien inspecteur général, il impressionne par sa haute stature et sa crinière blanche. Les épaules se courbent sous le poids de l’âge, mais sa prestance fait oublier une santé qu’il sait chancelante, minée par les premières atteintes de la tuberculose. […]
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