Connu du grand public, Stéphane Bern est l’un des animateurs – radio et télévision – les plus appréciés des Français. Il s’est notamment fait connaître par ses émissions relatives aux personnalités royales et princières et hauts lieux de l’histoire et de leurs secrets. Le château de Versailles fut une source d’inspiration pour sa vocation et sa passion…
Propos recueillis par Mathieu da Vinha, Directeur scientifique du Centre de recherche du château de Versailles
Pouvez-vous nous parler de votre première rencontre avec le château de Versailles ?
Stéphane Bern : Je devais être gamin, avoir quatorze-quinze ans ou peut-être même moins. Le désir précède finalement un peu la réalité car j’étais passionné d’histoire de France depuis tout petit et, lorsqu’on arrive dans le palais des rois et des reines, c’est comme un émerveillement. Par la suite, c’est devenu très vite une obsession, avec l’idée d’y retourner le plus souvent, et même d’y travailler.
Non seulement vous aimiez Versailles, mais en plus vous avez pu y travailler…
S.B. : J’ai eu la chance qu’un ami de mon père, Daniel Meyer, y fût conservateur. Pour un job d’été, j’ai ainsi été hôte d’accueil pendant les congés durant plusieurs saisons, ce qui me permettait, par exemple, de me payer mes vacances du mois d’août. J’en garde un merveilleux souvenir car, comme nous prenions tôt notre service, nous avions une clef, ce qui me permettait de faire un tour dans le château avant l’arrivée des visiteurs. Avoir la galerie des Glaces pour soi seul le matin ou même les soirs d’été, c’est quelque chose dont je me souviendrai toute ma vie. Versailles était une cour en miniature avec différentes personnalités : il y avait le monde des conférenciers, celui des agents d’accueil, etc. Et nous nous retrouvions tous avant l’arrivée des touristes. En attendant l’ouverture des portes, j’entendais toutes les horreurs (et les erreurs) que les touristes disaient sur Versailles. Je mourais d’envie de leur dire : « Arrêtez, Versailles ce n’est pas cela ! », et j’ai eu donc très tôt le désir de raconter Versailles. En tout cas, ma première volonté était d’être à Versailles, peu importe ce que j’y ferais, je ne savais pas ce qu’allait être ma vie, mais l’important c’était d’être là.
Est-ce que vous avez vu une évolution dans la fréquentation du château ?
S.B. : Il y avait déjà beaucoup de monde mais le flux était mal géré. Tout le monde passait par l’escalier de la chapelle pour monter vers les Grands Appartements et il y avait nécessairement un engorgement. Aujourd’hui, les parcours ont été rationalisés. Ce qui me frappe dans les chiffres actuels, c’est que la grande majorité des visiteurs sont étrangers ; j’ai du mal à comprendre que les Français ou même les Franciliens visitent moins le château, d’autant plus que je pense sincèrement qu’une initiation au beau, à l’harmonie, à ce que représente Versailles – à la fois historiquement mais aussi artistiquement –, peut permettre une formation du goût. Je sais que des projets existent mais, malheureusement, les demandes sont trop nombreuses…
Pourquoi n’avoir pas poursuivi votre parcours à Versailles ?
Au fond, je n’avais pas les compétences, l’histoire était pour moi une passion dont je n’imaginais pas faire un métier. Ce n’était pour moi qu’un job d’été tout en poursuivant ma formation. J’ai fait des études de commerce à Lyon et je ne savais pas vers quoi j’allais m’orienter. Finalement, le journalisme m’a rattrapé et ce n’est que très récemment, depuis sept ou huit ans, que je m’occupe réellement d’histoire. Que faire à Versailles ? Je n’avais aucune compétence par rapport aux historiens, aux conférenciers que j’écoutais, mais j’avais juste envie d’être là le plus souvent possible. Il se trouve maintenant que mon métier consistant à raconter l’histoire me ramène régulièrement dans différents endroits du domaine de Versailles avec le château, le Grand et le petit Trianon ou encore le hameau de la Reine. J’ai le sentiment de vivre un rêve éveillé.
Vous êtes donc encore émerveillé à chacune de vos visites… ? […]
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