En 1914, la Pologne n’existe pas : ni État, ni gouvernement, ni armée. La population polonaise est divisée entre les trois « puissances de la partition », l’Allemagne, l’Autriche et la Russie qui depuis 150 ans se partagent les territoires et les richesses polonaises. Si les patriotes polonais n’ont pas de stratégie commune pour recouvrer leur indépendance, l’objectif d’une Pologne indépendante est bien présente dans leur esprit à Varsovie, Cracovie ou Lvow, mais aussi parmi les émigrés en Europe et en Amérique. La Grande Guerre permet la mise sur pied en France de « l’armée bleue », véritable armée nationale du futur État polonais indépendant.
Texte Franck Segrétain, Historien
Dès le début de la guerre, alors que les combats à l’Est se déroulent pour partie sur des territoires peuplés de Polonais et que la conscription fait entrer des centaines de milliers d’entre eux dans chacune des armées belligérantes (1), conscientes de l’enjeu que constituent les quelque 25 millions de Polonais (2) et leur participation à l’effort de guerre, les trois « puissances de la partition » s’engagent à favoriser l’éclosion d’un nouvel État polonais. En réalité, les Russes comme les Allemands et les Autrichiens ne s’engagent à former un nouvel État polonais que sur les territoires qui viendraient à être pris à l’ennemi et les « puissances de la partition » ne laissent guère le choix aux Polonais. Contre un minimum de concessions politiques, elles veulent tirer un maximum de l’engouement du peuple polonais en faveur de la création d’un État. Chacune des puissances va jusqu’à former dans ses rangs des unités polonaises sans pour autant accepter de créer une armée polonaise dont le symbole impliquerait la reconnaissance d’un État polonais.
Les Alliés et la question polonaise
À Paris, dès août 1914, le comité des volontaires polonais reçoit des centaines de patriotes enthousiastes qui souhaitent combattre aux côtés de la France pour gagner l’indépendance de la Pologne. Parce que la France et la Russie sont alliées, le gouvernement français décide de ne pas former une unité polonaise autonome mais d’incorporer les volontaires dans la Légion étrangère. […]
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