Visite : le bosquet de l’Encelade

le bosquet de l'encelade
© RMN-GP (château de Versailles) / Gérard Blot.

Pour les amoureux de l’Histoire, se promener dans les allées des jardins de Versailles demeure un enchantement sans cesse renouvelé. Qui ne connaît le Petit Trianon, l’Orangerie ou le Potager du Roi ? Chercheurs d’intimité ou poètes bucoliques peuvent se réfugier à l’abri des bosquets, qualifiés à juste titre par Lagier de Vaugelas de « remarquables par leur symétrie et leur bon goût ». En partant à la découverte, entre le bassin de Flore et celui d’Apollon, on trouvera, contigu au bosquet des Dômes et au bosquet de l’Obélisque, un endroit plus merveilleux encore : le bosquet de l’Encelade.
Par Bérangère Bienfait, historienne

Un rappel mythologique
Il faut se plonger dans la mythologie gréco-latine pour retrouver l’origine de l’appellation du lieu. À la célèbre guerre des Titans succéda la révolte des Géants, enfants du Ciel (Ouranos) et de la Terre (Gaïa). D’une taille monstrueuse et d’une force proportionnée, ils avaient les jambes et les pieds en forme de serpent, quelques-uns mêmes étant dotés de cent bras et de cinquante têtes. Ils lançaient contre les dieux des rochers dont les uns, tombant dans la mer, devenaient des îles, et les autres, retombant à terre, formaient des montagnes. Les Géants étaient en effet bien résolus à détrôner Zeus (Jupiter). Ce dernier demeurait dans une grande inquiétude à cause d’un ancien oracle annonçant l’invincibilité des Géants si les dieux n’appelaient, à leur secours, un mortel. Zeus fit donc venir Héraclès (Hercule) qui, de concert avec les autres dieux, l’aida à exterminer les Géants dont Encelade, Polybétés, Alcyonée et Porphyron…
Après les avoir tous défaits, Zeus les précipita jusqu’au fond du Tartare, ou, suivant la seconde version de poètes, il les enterra vivants dans d’autres contrées. Encelade, qui avait tenté de s’enfuir afin d’échapper au massacre de la colère de Zeus, fut enseveli sous le mont Etna. Ivre de fureur, la déesse Athéna avait en effet jeté un énorme rocher, la Sicile, qui éclata avant de recouvrir le Géant. À en croire Virgile, « c’est lui dont l’haleine embrasée […] exhale les feux que lance le volcan ; lorsqu’il essaie de se retourner, il fait trembler la Sicile et une épaisse fumée obscurcit l’atmosphère » (L’Énéide, chant III).

En 1661, Louis XIV, humilié par la richesse et la puissance du château de Vaux-le-Vicomte et de ses jardins, propriété de Fouquet, surintendant des Finances, jeta ce dernier en prison pour avoir ainsi voulu l’éblouir. Se souvenant de la Fronde (1648-1653) qui vit les nobles se révolter contre un roi encore enfant, Louis XIV décida de se servir de la mythologie grecque pour envoyer un avertissement aux grands du royaume. Il se voulait Zeus-Jupiter et les nobles devenaient, par là-même, les Géants vaincus. […]

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